Livre 1 - Chapitre de Mei

De SaintSeiyaPedia
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Chapitre 1 : Oreste

L'acropole en vue aérienne

La mythologie grecque raconte qu'il y a bien longtemps, Poséidon et Athéna se disputèrent le contrôle de l'Attique. Ainsi la célèbre Acropole située dans la capitale d'Athènes devint le théâtre de leurs affrontements. Le nom « Acropole » signifie «la ville haute ». Ses habitants, après qu'Athéna leur a offert un olivier, choisirent finalement de se ranger sous sa protection. Ils érigèrent alors en son honneur un temple d'une blancheur crayeuse sur une colline d'une hauteur de 70 mètres et d'une circonférence de 800 mètres. Au fil du temps et de l'histoire guerrière des hommes, ce temple autrefois prospère est tombé en ruines, mais on peut encore ressentir sa gloire passée.


La nuit tombée.

« Ne trouvez-vous pas que l'air s'est quelque peu rafraîchi ? »

Ses cheveux bruns flottaient au gré du vent. Shun se trouvait dans un théâtre en plein air situé au sud-ouest de la colline de l'Acropole. Il porta son regard vers celle-ci.


L'été, le coucher de soleil est tardif en Athènes : il disparaît bien après huit heures du soir et la ville est alors progressivement absorbée dans une aura de ténèbres indigo, moment où les lumières s'allument sur la colline de l'Acropole. Face aux pins et aux cèdres plongés dans l'obscurité, ces falaises se dressent dès lors tels des murs baignés d'un éclat doré qui leur donne l'apparence d'un autel sacré fait de murailles cyclopéennes. Les rangées de colonnes du Parthénon, ses métopes et même son pédiment luisaient autrefois d'un doux éclat semblable à la lueur du marbre frappé par la lumière, bien que cette construction soit aujourd'hui en ruines.


« Je vous remercie d'avoir accepté de m'accompagner ce soir, Nicol.

— Voyons, ce n'est rien. »


L'Odéon Herode Atticus

Nicol esquissa un sourire. Il avait l'élégance de la statue du dieu Hermès adolescent de Praxitèle mais semblait pourtant être une personne très abordable. Ses cheveux châtains, son regard aussi paisible qu'un lac, et son intelligence lui valaient l'admiration et les compliments de tous. Cependant, porter des vêtements noirs l'été près de la mer Egée semblait quelque peu inconfortable.


« En fait j'avais d'abord invité Seiya, mais il a refusé en avançant que le théâtre est ennuyeux.

— Je pense de toute façon qu'un garçon aussi terre à terre que lui ne peut apprécier le théâtre classique à sa juste valeur, et cela aurait finalement été un gâchis que de le laisser profiter d'un ticket aussi cher. »


Shun émit un léger rire. Son visage semblable à celui d'une délicate jeune fille était éclairé par une faible lumière. Shun était un beau jeune homme. Il n'avait pas encore quinze ans mais n'arborait cependant pas l'attitude rebelle que l'on aurait attribué à son âge.


Ils étaient assis côte à côte dans la rangée la plus haute du théâtre.


« Sais-tu ce qu'est l'Odéon ? demanda Nicol.

— Pas vraiment, répondit Shun.

— L'Odéon est un ancien vestige bâti en 161 après J.-C., et dont le nom signifie "construction destinée à des concours musicaux". Il a la forme d'un cercle et dispose, en plus de son excellente acoustique, d'une capacité d'accueil de 6000 personnes. Il est même possible d'entendre le son d'une pièce qui tombe sur scène.

— Incroyable.

— Le nom de cet Odéon, "Hérode Atticus", provient de celui du politicien romain qui a levé les fonds nécessaires à sa construction lors de l'ère romaine, et on l'appelle aussi le "théâtre d'Hérode Atticus". Il fut restauré après la Seconde Guerre Mondiale, et vit désormais cette résurrection en accueillant de nos jours les tragédies grecques antiques. Pendant les festivals, des artistes du monde entier viennent en ce lieu pour y donner leurs représentations, que ce soient des pièces de théâtre ou bien encore des opéras, conclut Nicol qui avait tout expliqué à Shun d'un seul bloc.

— Que ce soit aujourd'hui ou pendant l'Antiquité, l'amour des Grecs pour le théâtre reste le même, n'est-ce pas ?

— Pour les Grecs, aller au théâtre est aussi normal que d'aller voir un match de foot. Et d'ailleurs pourquoi s'en priveraient-ils ? La Grèce jouit d'un climat si agréable. En effet, il n'y a pas à craindre une interruption due à la pluie, ce qui assure que les programmes annoncés ne souffrent d'aucun retard, et ce même dans ce théâtre à ciel ouvert. »


L'hiver exclu, Athènes bénéficiait d'un temps clair environ 300 jours par an.


« Mais en contrepartie il est nécessaire d'attendre la tombée de la nuit pour pouvoir utiliser les projecteurs dans ce genre de théâtre, ce qui force les représentations à se finir tardivement. Qui plus est, l'Orestie est une pièce en trois actes », dit Nicol en baillant tel un chat tandis que Shun s'étirait de tout son corps.

« Le temps de représentation annoncé pour cette pièce est de cinq heures.

— Cela va être une longue soirée, lui répondit Shun. »


Même en Grèce, une tragédie antique de ce genre ne pouvait être jouée qu'en été et dans un théâtre à ciel ouvert. La pièce en question était l'Orestie écrite par Eschyle, une œuvre en trois actes. Le premier acte s'était achevé depuis peu et c'était maintenant l'entracte avant le deuxième.


« Je vois pourtant qu'aucun spectateur ne rentre chez lui, remarqua Shun.

— Les Grecs, aussi bien les adultes que les enfants, sont habitués à la vie nocturne, lui répondit Nicol.

— Je vois ça.

— Alors comment trouves-tu cela ? Qu'est-ce qu'un jeune homme japonais pense du théâtre classique grec ?

— Je pense sincèrement que c'est très intéressant.

— Vraiment ? L'œuvre d’Eschyle est grandiose, mais je te concéderais qu'elle puisse sembler un peu ennuyeuse de prime abord », dit Nicol en esquissant un sourire amusé.


Eschyle

Eschyle, l'auteur de cette pièce en trois actes était une personne vivant au Vème siècle avant Jésus-Christ. L'Orestie qu'il a créée est bien plus ancienne que les pièces de Shakespeare, et au cours du temps plusieurs producteurs l'ont donc adaptée en ajoutant des choses qui leur semblaient intéressantes. Les représentations de cette pièce se donnent encore de nos jours partout à travers le monde. Peu de gens connaissent l'Orestie au Japon mais la plupart des japonais connaissent l'histoire du cheval de Troie, ce qui fait qu'il est donc préférable de leur expliquer que l'Orestie est l'histoire qui se passe après la guerre de Troie.


Éris, déesse de la discorde, avait envoyé une pomme d'or destinée à la plus belle femme, ce qui provoqua finalement la guerre de Troie qui avait Hélène pour enjeu. Agamemnon, roi de Mycènes et chef de l'armée grecque, offrit sa propre fille Iphigénie en sacrifice pour s'assurer la victoire. Sa femme Clytemnestre se mit alors en colère et ourdit avec son amant Égisthe l'assassinat d'Agamemnon, qu'ils mirent à mort après son retour victorieux de Troie. Ce moment marque la fin du premier acte nommé "Agamemnon".


« Concernant Seiya, la simple explication des points-clés de cette pièce lui a donné le sommeil, avoua Shun.

— La prochaine fois, invite-le à une comédie. S'il y a un bon nombre de blagues grivoises, de la violence gratuite et autres choses sans queue ni tête, peut-être que ce garçon immature y trouvera son intérêt. »


Nicol avait eu des paroles assez dures envers Seiya, malgré son visage de sage qui ne ferait pas de mal à une mouche. Shun abaissa son regard vers la scène de ce théâtre antique situé au pied de la colline de l'Acropole. L'entracte prit fin et les conversations aux alentours s'éteignirent progressivement tandis que chacun reportait son attention sur la pièce racontant le drame de cette famille maudite, éclairée par les projecteurs. Le second acte, "les Choéphores", ce qui signifiait "les prières funéraires des femmes", commençait à se jouer et se situait neuf ans après le premier acte. Oreste, le fils d'Agamemnon qui avait été confié dans son enfance à un pays voisin, compris après avoir écouté les paroles de l'Oracle de Delphes qu'il devait venger l'assassinat de son père, répétant sur une nouvelle génération les tragédies sanguinaires de cette famille.


L'Orestie qui se jouait ce soir-là dégageait un fort sentiment de pièce antique, que ce soit de par les masques des acteurs, les décors ou bien encore par les effets de scène, au lieu d'être adaptée aux goûts modernes.


Oreste revint secrètement dans son pays natal et s'associa à sa sœur Électre qui nourrissait les mêmes intentions que lui, à savoir se débarrasser d'Égisthe, l'amant de leur mère. Une fois cet acte accompli et leur père vengé, les enfants d'Agamemnon se confrontèrent à leur mère Clytemnestre. Celle-ci supplia ses enfants qu'elle avait nourris au sein de lui laisser la vie, plongeant pendant un moment Oreste dans le doute. Mais celui-ci se fia finalement à la volonté divine relayée par l'Oracle de Delphes.


« J'ai donc mis au monde un serpent...

— Tu as tué la seule personne que tu n'aurais pas dû. »


Oreste tourmenté par les Érinyes, William Bouguereau, Les Remords d'Oreste, 1862

Le cœur d'Oreste souffrait de cette situation qui n'aurait dû être. Il annonça cependant à sa mère que ce n'était pas lui qui l'assassinait, mais qu'elle s'était tuée elle-même, tout en pointant son épée dans sa direction. La reine frappée s'écroula sans vie sur la scène telle une poupée de chiffon. Le sang de la reine tombée s'étendait petit à petit sous le feu des projecteurs. Un matricide. L'Oreste masqué brandit l'épée utilisée pour son crime tandis qu'il volait l'attention de douze mille yeux de spectateurs stupéfaits. Il venait d'accomplir un acte qui n'aurait jamais dû être et allait subir le jugement des Érinyes, qui était le sujet du troisième acte et concernait sa chute dans la folie.


« Comment ? » s'exclama Nicol.


Il se tourna vers Shun pour lui expliquer les codes du théâtre grec classique.


« Aucun meurtre ne doit se produire sous les yeux du public. »


Les scènes violentes n'étaient jamais directement montrées. Au lieu de cela, la convention voulait que les acteurs quittent la scène puis qu'un intense hurlement d'agonie s'élève, suivi d'une explication du narrateur. Bien que la raison de ce choix soit inconnue, cela est une règle esthétique du théâtre grec. Il semblait impossible qu'une troupe théâtrale jouant une pièce antique transgresse cette règle, à plus forte raison dans un théâtre historique.


« Ils n'auraient pas dû montrer cela. »


Nicol, qui connaissait bien le théâtre classique, se leva sans même s'en rendre compte. Et ce n'était pas l'unique chose étrange.


« Ils sont deux ? » murmura Nicol.


Deux Oreste masqués se tenaient sur scène.


En un instant, le second était sorti de nulle part sans que personne ne s'en rende compte. La représentation venait de prendre un tournant inattendu et tous les spectateurs en avaient conscience. L'acteur qui avait jusqu'alors donné une représentation parfaite d'Oreste ne pouvait sortir la moindre réplique, stupéfait par le meurtre qui venait d'être commis sous ses yeux.


Le masque tomba.

Ainsi que la tête.


L'Oreste qui s'était introduit sur scène venait de porter un coup latéral sur son double avec l'épée qui avait servi au matricide.


La pièce était brisée.

La représentation n'en était plus une.


Le faux Oreste descendit de la scène tandis que les spectateurs, jusque là transportés par ce qui semblait il y a peu être un matricide mis en scène avec virtuosité, revinrent à la réalité et des hurlements d'horreur s'élevèrent. L'assassin des acteurs incarnant Oreste et Clytemnestre s'élança sous les yeux des 6000 spectateurs vers les escaliers qu'il se mit à grimper, l'épée du meurtre tâchée de sang brandie au-dessus de sa tête.


Shun laissa échapper un cri de surprise tandis qu'il percevait une intention meurtrière. Les yeux cachés par le masque de cet Oreste fixaient sans le moindre doute la rangée supérieure du public. La lourde lame qu'il tenait répandait des étincelles derrière elle.


« Que... »


Une chaîne apparut. Shun tendit face à lui avec ses deux bras cette chaîne sortie de nulle part qui bloqua le coup tranchant porté par l'intrus. Le métal des deux armes se frottant donna naissance à grincement tandis que la chaîne était tendue à son maximum sous la force du coup. Cette épée n'était pas un objet de théâtre mais une lame de bronze bien réelle, capable de trancher les os et de faire tomber des têtes. Le fait qu'un jeune homme aussi frêle parvienne à bloquer ce coup ressemblait par contre à du théâtre.


« Qui es-tu ? » demanda Shun en continuant sa lutte contre le faux Oreste.


Adaptation de la trilogie d'Eschyle par Marco Pernich. Mise en scène par un collectif de metteurs en scène sous la direction de Mariagiovanna Rosati-Hansen

Celui-ci portait en plus de son masque un vêtement de théâtre court sans manches, et ses longs bras et jambes semblaient être forgés dans le métal. Shun ne pouvait distinguer plus de détails de l'attaquant au sein de ces ténèbres, qui plus est avec la lumière de la scène dans le dos de son agresseur. Une odeur de bête sauvage se dégageait de lui. Un phénomène surprenant se produisit alors. Ce n'était non pas la fine chaîne qui venait de voler en éclats mais l'épée de bonze.


Nicol interpella Shun. L'Oreste surmonta sa surprise et jeta l'arme dont il ne restait plus qu'un manche.


« Attention ! » cria Shun.


Il vit le corps de Nicol se plier en deux sous l'effet d'un coup qui l'envoya voler contre un mur plusieurs mètres plus loin. Nicol émit un cri en heurtant le mur avec son dos, puis retomba tête la première vers le sol. Un coup capable de projeter un homme d'un mètre quatre-vingt tel que lui n'était pas normal. Non, plus que cela, ce ne pouvait être une attaque portée par un simple être humain. Cette attaque avait été donnée à une vitesse supérieure à celle du son, et nul hormis Shun n'avait pu la voir parmi l'assistance présente. Les environs sombraient dans la confusion générale. Les spectateurs, pris de panique suite au meurtre sur scène, fuyaient de manière désordonnée les lieux, semblables à des fourmis quittant une fourmilière détruite. Un véritable concert de cris de panique, comme si la foule était frappée des airs de musique du dieu Pan qui conduisent à la folie.


« Où est-il passé ? » demanda Shun qui se tenait dans la foule en déroute tout en brandissant sa chaîne devant lui pour protéger Nicol.


Personne. L'homme avait disparu.

L'Oreste avait abandonné son masque sur scène et s'était déjà évanoui dans les ténèbres, loin de toute lumière.




Big Bang

La naissance de l'univers s'accompagna de la libération de la Volonté des Dieux (Big Will) qui imprégna toute vie et se logea dans les étoiles. Les étoiles trouvèrent leur place chez Ouranos, le ciel. De l'océan Pontos naquit la vie. Puis lentement, sous l'action du Temps, le monde prit forme et grandit, tous les humains le peuplant naissant et mourant en suivant la destinée tracée par les étoiles. Les étoiles sont dépendantes du monde et le monde dépend des étoiles. À un certain point, des personnes dont les corps étaient investis de la Volonté des Dieux apparurent. Ceux-ci devinrent les réceptacles d'âmes immortelles, des prophètes ou étaient eux-mêmes considérés comme des dieux sur Terre et tentèrent alors de guider le monde pour le rendre meilleur à l'aide de la Volonté des Dieux.


Les dieux s'affrontèrent.


Des guerriers au service de ces dieux apparurent également, élus par les étoiles qui décidèrent de leurs vies. Ceux qui accompagnaient Athéna se nommaient les Saints. De sanglantes batailles furent livrées pour déterminer quel dieu dirigerait le monde, et celles-ci se sont étendues sur de longues durées inimaginables pour l'esprit humain.


Quel que soit le champ de bataille, Athéna était entourée de jeunes garçons originaires des quatre coins du monde pour la protéger. Ceux-ci étaient véritablement emplis de force et de courage. Il est dit que leurs poings pouvaient fendre les cieux, et que leurs pieds étaient capables de briser la terre. Ces guerriers de l'espoir apparaissaient à chaque fois que le mal menaçait le monde. Cependant, leur existence n'est consignée ni dans la mythologie grecque, ni dans les livres d'histoire.


Ce sont de jeunes hommes de légende.


Ce sont les Saints d'Athéna.


Chapitre 2 : Les Saints d'Athéna

Deucalion et Pyrrha, illustration de Virgil Solis pour une édition des Métamorphoses (1562)

Ce qui est appelé "Mythologie" ne saurait être condensé en un unique livre ou poème épique. Cette notion est apparue à l'aube de l'humanité et s'est donc depuis scindée en plusieurs branches correspondant à autant de cultures humaines, ce qui explique pourquoi les diverses mythologies présentent tant de contradictions entre elles. En fait, vouloir trouver une vérité absolue n'a que peu de sens car il n'y a pas de version d'un mythe plus véritable qu'une autre.


Depuis l'Antiquité, les Grecs nomment leur pays "Hellas" et se présentent eux-mêmes comme étant les "Hellènes", ce qui signifie "peuple de Hellen". Lors des cérémonies d'ouverture des Jeux Olympiques, les Grecs annoncent leur pays sous le nom de "République Hellène", bien que les langues d'origine latine utilisent plutôt les termes dérivés du latin "Graecus". C'est pourquoi les étrangers désignent cette contrée sous le nom de "Grèce", ou "Greece" en anglais. Ce genre de particularité n'est pas exclusive à la Grèce et par exemple les Japonais nomment eux-mêmes leur pays "nihon" (日本) et se désignent en tant que "nihonjin", mais utilisent par contre pour la Grèce une prononciation tirée de l'anglais qui donne "girisha".


La mythologie grecque raconte qu'un jour, Zeus, le dieu suprême, provoqua un déluge destructeur pour punir l'humanité de sa folie. Cependant, Deucalion, fils de Prométhée, le sage Titan qui offrit le feu aux hommes, et Pyrrha, fille de Pandore qui avait reçu les plus beaux dons des dieux, purent y survivre en bâtissant une immense nef. Ils nommèrent le premier de leurs fils "Hellen", qui est considéré par la légende comme l'ancêtre de tous les Grecs.


2.1

Le Sanctuaire, lieu saint, Domaine Sacré de la déesse Athéna.

Ce lieu n'est pas si éloigné que cela de la capitale grecque d'Athènes, mais ces montagnes sacrées qui ne figurent sur aucune carte sont pourtant incroyablement distantes de ce qui est considéré comme le monde normal. Même un satellite espion doté d'une résolution de l'ordre du mètre serait incapable de localiser le Sanctuaire car celui-ci est complètement irradié par la Volonté des Dieux. Celle-ci agit comme une barrière protectrice (kekkai) qui l'entoure et le dissimule complètement, le mettant ainsi à l'abri de toute interférence extérieure. Ces particularités font du Sanctuaire un lieu qui défie la compréhension humaine, et rechercher son existence revient à rechercher celle des dieux. De même, douter de son existence équivaut à douter de celle des dieux. Voilà le genre d'endroit qu'est le Sanctuaire.


En pleine nuit.

Chiton
Himation


« Comment se fait-il que la course des étoiles s'affole ainsi ? » murmura Yulij, une jeune femme aux cheveux argentés, debout dans un observatoire.


Celui-ci était situé au sommet d'une montagne rocheuse et la jeune femme se trouvait dans une salle circulaire dépourvue de toit. En ce lieu, la terrible pollution atmosphérique d'Athènes ne semblait plus être qu'un mauvais rêve et ce ciel nocturne dégagé, coupé en demi-sphère, donnait l'impression de se trouver dans un planétarium. Sur le sol était dessinée une carte astronomique en mosaïque d'une grande finesse représentant les douze constellations de l'écliptique, ainsi qu'une graduation qui indiquait très précisément les quatre points cardinaux.

Yulij regardait successivement les constellations du Bélier, du Taureau, des Gémeaux, du Cancer...


« C'est comme si les étoiles se détachaient de la Voie lactée pour s'écraser sur Terre », se dit-elle en montant sur le piédestal destiné à l'observation stellaire.


Yulij était vêtue d'un chiton blanc d'une seule épaisseur auquel un himation écarlate était attaché à l'aide d'une broche sur l'épaule droite. Ce genre de vêtements lui donnait vraiment l'air d'être sortie de la Grèce antique.


« Et mince, pourquoi a-t-il fallu que le seigneur Nicol parte cette nuit au théâtre en compagnie de ce beau jeune homme ? » soupira la jeune femme, un masque sur le visage.


Ce masque n'était pas de ceux que l'on peut voir à l'occasion d'une fête, d'une pièce de théâtre, voire de choses inspirées d'histoires de super-héros. Ce modèle de masque avait en fait été créé pour pouvoir dissimuler les émotions que ressentaient celles qui en portaient un.


« Encore une autre ! » s'exclama-t-elle en voyant une étoile filante dans la partie ouest de la voûte stellaire.


Celle-ci s'était séparée d'une partie du ciel située dans le triangle que formaient Deneb de la constellation du Cygne, Vega de celle de la Lyre, et Altaïr de celle de l'Aigle près du zéphyr. Le bolide passa ensuite au nord de la constellation de la Vierge, alors vers l'horizon, puis continua sa course vers une partie sombre et vide du ciel, suivie d'une traînée de feu tandis que Yulij l'observait attentivement. Le destin de chaque être humain est lié à la danse des étoiles et c'est pourquoi les contempler revient à contempler le monde. « Je dois aller prévenir Athéna ! » se dit-elle d'un air déterminé. Tel était son devoir de diacre du Sanctuaire.

En ce lieu, les Saints n'étaient pas une légende mais des êtres bien réels. Et il en était de même pour Athéna, déesse protectrice de la Terre et de l'amour, qui veillait sur son domaine.


Yulij sentit soudain un frisson la parcourir, et perçut alors très clairement une intention de meurtre qui lui donna l'impression d'avoir un couteau derrière le cou. Elle comprit qu'un ennemi venait de la prendre à revers et s'en voulut de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Son ennemi réalisa que la jeune femme troublée avait pris conscience de sa présence et s'adressa à elle.


Fanart de Yulij par CerberusRack

« Tu fais partie des Saints à ce que je vois.

— En effet, je suis Yulij du Sextant », lui répondit-elle sans esquisser le moindre mouvement.


Ce n'était pas tant qu'elle ne voulait pas bouger, mais plutôt qu'elle ne le pouvait pas, tétanisée, et elle continua donc la conversation le dos tourné à son ennemi.


« Vous savez que vous venez de vous introduire sur les terres du Sanctuaire, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle.


Elle n'eut que le silence pour réponse. Yulij se dit, anxieuse, que cette question était de toute façon stupide car il était impossible qu'un simple touriste ivre puisse se perdre et arrive par mégarde dans ce Sanctuaire protégé par la barrière d'Athéna.


« De quel Mal êtes-vous le serviteur ?

— Les femmes qui deviennent Saints se doivent d'abandonner leur féminité et de porter ce genre de masque, telles sont vos règles n'est-ce pas ? »

L'air fut soudain transpercé d'un coup.

« Qu'est-ce que...? s'exclama-t-elle surprise.

— Quel joli visage. »


Le masque du silence avait été séparé en deux moitiés égales qui heurtèrent bruyamment le sol en oscillant sur elles-mêmes. Par pur réflexe, Yulij porta ses mains à son visage, ce qui laissa son ventre à découvert, et l'intrus profita alors de cette faille pour la frapper. Elle s'écroula le souffle coupé puis s'évanouit. L'intrus la prit sur son épaule pour la transporter, puis fixa avec mépris la mosaïque au sol en laissant échapper un rire mauvais. Il porta un coup qui fendit le sol en relâchant une grande énergie, créant alors un cratère de même nature que ceux laissés par les météorites.


La mosaïque montrant les douze constellations du zodiaque n'était plus que miettes éparses.


2.2

Les Douze Temples du Zodiaque

« Bon sang ! »


Un homme ensommeillé assis sur les marches d'un escalier en pierre, en train de dodeliner de la tête. Il reçut soudain un coup de pied à l'arrière de celle-ci, ce qui l'envoya dégringoler une bonne dizaine de ces marches.


« A... Aïe ! Le vent nocturne d'été est si agréable, pourquoi tu...

— Agréable hein ? »


Le visage de l'homme se décomposa en voyant son interlocuteur. Ses deux compères qui s'étaient aussi endormis se réveillèrent également et arborèrent la même expression lorsqu'ils virent le jeune homme qui venait d'arriver. Les trois compagnons, gardes du Sanctuaire d'Athéna, portaient les armures de cuir exigées par leur fonction.


« Ce... c'est vous, maître Seiya ? bégaya un des hommes.

— Vous êtes des êtres humains ou des macaques ? Combien de fois faut-il vous répéter les choses pour que vous compreniez ? rétorqua Seiya en les sermonnant. »


Seiya, qui ne mesurait même pas un mètre soixante-dix, paraissait plutôt petit comparé à ces gardes au physique de catcheurs, et son vêtement en cuir ainsi que ses sandales donnaient l'impression que ce garçon japonais portait un costume de scène. S'il avait été scolarisé, il aurait été au collège. Ses cheveux avaient de légères teintes rouges et son apparence tout entière dégageait un incroyable dynamisme. Une puissante volonté brillait dans ses yeux et il était empreint de toute la détermination que peuvent avoir les adolescents de son âge.


« En voila une façon plaisante de faire votre tour de garde ! Je vous avais pourtant dit ne pas vous endormir en surveillant le Sanctuaire !

— Ou... oui ! Nous le savons bien ! répondirent les gardes.

— Alors si vous avez déjà compris ça, pourquoi est-ce que vous faites la sieste, idiots ! »


Seiya, tel un ancien sergent d'armée, leur colla un direct dans l'estomac pour les discipliner. Les hommes finirent par se retrouver à se tordre par terre après avoir été corrigés par ce qui n'était qu'un gamin comparé à eux.


« Arrêtez de rêvasser ! Ce n'est pas parce que l'on est en temps de paix depuis peu qu'il faut se relâcher ! Un ennemi peut se montrer n'importe quand !

— C'est à cause de ce genre de comportement que vous ne montez pas en grade et restez de simples gardes ! » continua Seiya.


Cette leçon terminée, Seiya quitta les lieux en laissant derrière lui les gardes honteux, puis il continua seul sa ronde.


« Bah, il est vrai cependant que cette nuit d'été donne envie de piquer un bon somme, pensa-t-il. »


Il se sentait malchanceux de devoir faire un tour de garde nocturne au lieu de profiter de cette belle nuit, et se dit qu'il aurait peut-être été préférable d'accepter l'invitation de Shun et d'aller profiter d'Athènes au passage.


« Mais malgré tout, qu'est-ce que Shun peut bien trouver d'amusant dans une vieille pièce de théâtre ? » se dit-il.


Seiya ne pensait déjà plus aux gardes qu'il avait réprimandés peu de temps auparavant, et se mit lui aussi à pousser un bâillement d'ennui.



Stoa d'Attale, Athènes

De même que les cieux sont le domaine des étoiles de la voûte céleste, le Sanctuaire est depuis des temps immémoriaux le domaine d'Athéna.

Les Douze Temples du Zodiaque sont nommés ainsi car il représentent les douze signes zodiacaux, à savoir le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Ces temples situés sur une montagne rocailleuse et sauvage sont traversés par un chemin qui mène jusqu'à la Salle du Pope, où se trouve également le trône de la déesse, et en continuant au delà de cette salle on arrive au lieu le plus important du Sanctuaire : l'autel sacré d'Athéna.

En plus de cela, une grande place se trouve au pied de la montagne, ainsi qu'un Colisée, l'horloge zodiacale, un théâtre circulaire, des Stoai, des maisons et bien d'autres choses prouvant qu'il existe toute une vie active autour de ce lieu. Tous ces éléments donnaient à ce lieu sacré un air de ressemblance avec la célèbres Delphes, réputée pour son oracle dans l'antiquité grecque. Pour comparer avec le Japon, on pourrait dire que cela dégage le même genre d'impression que la ville de "monzenmachi" dans les temps anciens.

On peut aussi voir au Sanctuaire de nombreux bâtiments délaissés basés sur des styles architecturaux divers qui témoignent des milliers d'années auxquels remontent l'existence de cet endroit. Cet état de préservation est en particulier dû au fait qu'il paraît que depuis les temps anciens, nul ennemi n'a réussi à s'emparer du Sanctuaire.

C'est le quartier général des Saints protecteurs de la Terre. Depuis les anciens temps mythologiques, Athéna a constamment protégé la paix du monde contre les continuels assauts de dieux hostiles qui voulaient y semer la désolation, et à chaque fois la déesse a remporté la victoire. Le Domaine Sacré n'a jamais été défait par les forces du mal.

Tels sont les récits sur le Sanctuaire.



Seiya s'arrêta soudain.


« Je ressens quelque chose d'étrange... qu'est ce que c'est ? » pensa-t-il.


Son cœur battait fort dans sa poitrine. Il se tourna en direction vers une montagne et arrêta son regard sur le sommet de celle-ci.


« C'est dans cette direction que se trouve l'observatoire stellaire... »


Soudain un hurlement déchira la nuit. Seiya, surpris, fit demi-tour pour revenir en courant vers les gardes qu'il avait quittés et se mit à grimper les escaliers quatre à quatre une fois parvenus à ceux-ci. Seiya en eut le le souffle coupé. Une forte odeur de sang se dégageait, comme si le sol tout entier en avait été imprégné.


« Tiens tiens, on dirait qu'il reste encore un microbe par ici. »


Seiya entraperçut trois silhouettes tapies dans l'ombre et celles-ci jetèrent subitement devant lui les propriétaires de ces cris d'agonie. Le jeune homme, toujours sous le coup de la surprise, reconnut ces personnes. L'un d'entre eux avait eu tous les os de son corps broyés par une immense pression, un autre avait le corps perforé de part en part par des trous semblables à ceux que laisseraient des aiguilles.

Le dernier avait eu la peau de tout son corps arrachée comme une orange que l'on aurait pelée et l'expression de son cadavre était figée sur une grimace témoignant de son intense douleur. Ces hommes étaient les trois gardes que Seiya avait réprimandé pour s'être endormis pendant leur ronde. Eux, des gardes du Sanctuaire d'Athéna, tués dans leur propre havre !

Un rire mauvais retentit.


« Qui êtes-vous ?! » hurla Seiya, le regard tourné vers ces ennemis qui avaient répandu le sang dans le Sanctuaire.

Les silhouettes lui répondirent.

« Je suis Agrios, la force brute.

— Et moi Thoas, le coup de tonnerre. »


Le premier, qui venait d'annoncer son nom d'une voix brutale, atteignait aisément les deux mètre et demi, et semblait masquer la voûte céleste. Celui qui s'était nommé Thoas était aussi d'une taille imposante mais pas autant qu'Agrios et était difficile à voir.


« Et moi je suis Pallas de la Stupidité. » gloussa le dernier.


Fanart de Pallas par Marco Albiero.

Un bruit de métal s'entrechoquant se fit entendre tandis que cet être parlait d'une voix au ton bas et malfaisant. Il se dévoila à la lumière des étoiles en se surnommant "l'écorcheur". La chose qui se tenait là avait tout d'un démon et Seiya ne put retenir sa surprise en voyant cet intrus. Il ressemblait aux bossus que l'on trouve dans les récits occidentaux : sa colonne vertébrale était pliée d'une manière exagérée et ses longs bras traînants donnaient une impression de déséquilibre tandis qu'il tenait son corps perpendiculairement à ses jambes d'une manière disgracieuse qui le forçait à lever la tête pour pouvoir porter son regard sur Seiya. Son visage était petit et maladif, semblable à celui d'un vampire affamé, et des ombres se projetaient sur ses joues émaciées. Une monstruosité fascinante. Ceci était comparable à l'attrait que peut provoquer une Chimère, l'homme ayant tendance à être fasciné par ce qui a une apparence inhabituelle.


« Qu'est ce que cette armure ? demanda Seiya.

— Ce sont les Adamas ! Les protections divines que nous tenons de Gaïa », lui répondit Pallas en étendant ses bras en une pose menaçante qui le faisait ressembler à une araignée.


Ces Adamas brillaient d'un éclat surnaturel comparable à celui de cristaux corrompus, mais qui envoûtaient pourtant l'esprit. Elles étaient composées de polyèdres qui leur auraient valu sans contestation le surnom d'"armures cristallines". Les silhouettes des deux autres géants laissaient comprendre qu'ils étaient également vêtus d'Adamas qui recouvraient tout leur corps à l'instar de Pallas.


« Les Géants ?

— Comment ? lança le gigantesque Agrios, prit d'une violente colère.

— Cette Athéna et ses Saints ! Doit-on comprendre que vous avez oublié jusqu'au nom des Géants ? continua-t-il.

— Reprends-toi, Agrios.

— Thoas !

— C'est compréhensible. Des éons se sont écoulés depuis les temps de la Gigantomachie où nous avons malheureusement été scellés par Athéna. Nous fumes emprisonnés entre Gaïa et le Tartare, et maintenant que nous nous sommes échappés de cette prison souterraine, nous ne pouvons que constater que le temps a continué son cours sans nous... Observe la voûte céleste, l'étoile polaire n'a-t-elle pas changé de place et des étoiles que nous connaissions ne se sont-elles pas éteintes ?

— Kihihihi, cesse donc de faire ton poète Thoas », dit Pallas en pointant ses griffes vers Seiya.


Cornaline

Son Adamas apparemment faite de Cornaline brillait d'un éclat écarlate sombre tandis que sa position lui donnait l'horrible apparence d'une araignée venimeuse en train de ramper sur le sol. Le seul fait de voir Pallas aurait suffit à inspirer la peur chez bon nombre de gens.


« C'est avec ces griffes que tu les as tués !

— La peau d'un gamin comme toi doit se retourner si proprement... »


Pallas frottait les uns contre les autres les cinq doigts d'une de ses mains, chacun équipé d'une griffe pareille à un sabre qui produisait un bruit de frottement métallique. Ses ongles étaient anormalement longs et chacune de ses phalanges mesurait à peu près la taille d'un majeur d'être humain.


« Que...

— Puppet Claw ! »


Pallas leva son bras puis l'abattit pour donner un coup de griffe, suivi d'un autre coup en sens inverse. Quelques cheveux de Seiya furent tranchés et celui-ci prit conscience du danger lorsque les griffes frôlèrent son nez à quelques millimètres. En un instant, le jeune homme comprit qu'un autre danger le guettait alors que retentissait un hurlement primaire.

Agrios fondit sur Seiya comme une immense bête en train de charger et lui porta une attaque dans la foulée, propulsant ainsi le Bronze Saint en l'air. Seiya se mit à tournoyer dans les airs, incapable de reprendre son équilibre, puis s'écrasa tête la première contre le sol.


« Il m'a seulement effleuré et pourtant j'ai ressenti une incroyable pression sur mon corps... Cet Agrios est un homme surprenant..., pensa Seiya.

— Oh ! Tu as réussi à survivre à ce coup ? On dirait que tu vaux un peu mieux que le menu fretin que l'on a tué juste avant, s'étonna Agrios.

— La ferme, gros lard ! lança Seiya en se relevant avec des yeux provocateurs.

— Quoi ?

— Ne me mets pas dans le même sac que ces gardes.

— Insignifiant chimpanzé.

— Seiya ! dit soudain une nouvelle voix qui rompit le dialogue commencé entre Seiya et Agrios.

— Kiki ? »


Ce jeune garçon qui avait environ cinq ans de moins que Seiya venait d'apparaître au-dessus de la falaise. Il porta en contrebas un regard d'horreur et de surprise sur les intrus qui s'étaient présentés sous le nom de Géants.


« J'avais bien ressenti des présences étranges... Seiya, qui sont-ils ? » demanda Kiki.


Ses courts cheveux blonds étaient rabattus en pointe vers l'arrière, et son apparence formelle ainsi que ses sourcils étrangement taillés le faisaient ressembler à un membre d'un groupe religieux bouddhiste. Son visage n'était ni complètement oriental, ni complètement occidental, et cet air particulier laissait supposer que son peuple était issu de nombreux métissages. Mais le plus incroyable restait quand même le fait que Kiki était apparu de nulle part et restait même planer en plein dans les airs.


« Hihihi, de la téléportation hein ? Ce nabot a des pouvoirs psychiques ?

— Kiki ! cria Seiya.

— J'ai bien compris Seiya ! Je vais t'aider avec ma télékinésie ! »


En l'espace d'un instant un objet baigné de lumière traversa les dimensions et apparut au dessus de la tête de Seiya. Les Géants surpris durent détourner leur regard de cet éclat. Une boîte en bronze ornée d'un relief de Pégase était sortie du néant, et une lumière en jaillit lorsque le couvercle s'ouvrit. Un Pégase vivace nimbé d'une aura de flammes blanches et bleues en surgit à la grande surprise des Géants. Cependant, ce n'était pas un véritable animal, mais plutôt une magnifique statue en forme de Pégase. Depuis les âges mythologiques, ces objets étaient portés par les puissants protecteurs de la paix sur Terre nommés Saints, et étaient la preuve de leur appartenance à cet ordre.


« À moi, Pégase ! » s'exclama Seiya.


La statue hennit comme pour répondre à l'appel de son propriétaire, puis se sépara en morceaux qui partirent recouvrir le corps de Seiya.


Casque. Épaulettes. Plastron. Bras. Ceinture. Jambières.


Un bruit de choc résonna lorsque l'immense corps d'Agrios fut soulevé du sol pour aller s'écraser contre les rochers qui se trouvaient derrière lui. Mais plus que le son des pierres brisées, ce bruit avait été provoqué par le coup qui avait percuté le Géant. Agrios grogna en se tenant le ventre d'une main comme s'il allait vomir, mais se contenta juste de toussotements rauques. Nul pratiquant de sport de combat tel que le karaté, la boxe, le Muay Thai ou autres arts du même genre n'était en mesure d'abattre d'un seul coup un adversaire qui faisait plus de trois fois son poids comme venait de le faire Seiya, en dépit de leur sophistication technique.


« Impossible, son coup de poing était-il invisible ? dit Agrios.

— Je t'avais prévenu, gros lard ! répondit Seiya. »


Une nouvelle attaque fendit l'air et frôla le sommet du crâne d'un Agrios stupéfait en laissant une onde de choc prouvant que ce coup dépassait allègrement la vitesse du son. Une telle prouesse témoignait également du rang de Seiya, tout Saint d'Athéna se devant d'être en mesure de maîtriser ce genre d'attaques.


« Je vois... je comprends maintenant ce que tu es, gamin ! » dit Agrios en se relevant, furieux.


Il poussa un grognement tout en chassant l'air de ses poumons, mais ce qui attira l'attention de Seiya fut de voir que son adversaire n'avait subi aucun dommage, et les muscles désormais saillants de celui-ci lui donnaient l'air d'être encore plus immense qu'auparavant.


« Tu es un Saint.

— En effet, je suis Seiya, Seiya de Pégase ! » déclara ce jeune homme qui semblait tout droit sorti d'une histoire fantastique.


Pégase.


La statue à l'effigie de Pégase qui se trouvait dans la boîte s'était divisée en plusieurs parties. La tête de Pégase était devenue une tiare munie d'ailettes qui s'était posée sur la tête de Seiya. L'échine avait changé de forme et s'était agrandie pour devenir une pièce munie d'épaulettes capable de protéger le haut du corps du Saint. Le cou de l'animal ornait désormais le bras droit du jeune homme tandis que la queue s'était mise sur le bras gauche, les deux parties comportant également des protège-poings. La poitrine était devenue une ceinture entourant les hanches de Seiya. Les pattes avant et arrière s'étaient combinées, comme si elles avaient été vivantes, et étaient devenues des jambières qui protégeaient Seiya depuis les cuisses jusqu'au bout des pieds. Cette armure scintillait de la chute de poussières d'étoile ("Stardust Sand") éparses. Les ailes de Pégase s'étaient habilement repliées dans le dos de l'armure à la manière d'un éventail. La statue avait ainsi bondi dans les cieux comme l'aurait fait Pégase, et la protection qu'elle formait désormais semblait posséder les battements de cœur d'un être vivant. C'est ce que l'on appelait une Cloth, une armure placée sous une constellation protectrice. Un héritage que seuls les Saints d'Athéna, élus par les constellations, étaient autorisés à revêtir.


« Vous avez compris la leçon maintenant ? Je suis vraiment énervé ! » cria Seiya.


Pegasus Ryūsei Ken

Une aura bleue et blanche semblable à celle qui entourait la Cloth lorsqu'elle était sortie de sa boîte émana de Seiya.


« Mais qu'est-ce que... une infinité de coups de poing ? dit Agrios.

— Pegasus Ryūsei Ken !

— Ne te laisse pas impressionner, Agrios ! »


Le sol explosa comme sous l'effet d'une météorite tandis que les coups dépassant la vitesse du son furent stoppés par un obstacle. Seiya n'en croyait pas ses yeux.

Thoas, le coup de tonnerre, qui ne s'était jusqu'alors contenté que d'observer les combats, s'était interposé entre Agrios et Seiya sans que ce dernier ne s'en rende compte, et les coups du Saint avaient étés bloqués par l'Adamas du Géant.


« Garde ton sang froid, Agrios.

— Oui...

— Tu ne vas quand même pas te laisser défaire par une attaque de ce niveau... Une infinité de coups de poing, vraiment ? Où ça ? En ce qui me concerne je vois seulement que chacun de ces coups est aussi lent qu'une limace en train de ramper.

— Quelle incroyable vitesse » se dit Seiya en regardant Thoas.


Le Saint s'apprêta à ré-attaquer mais Thoas réagit à ceci et parvint à saisir d'une main le poing de Seiya en dépit du mouvement soudain de ce dernier.


« Cependant, il serait préférable de ne pas prendre trop à la légère les pouvoirs des Saints », ajouta Thoas en serrant son poing autant que possible.


Seiya finit par fléchir sous la pression exercée sur ce bras.


« Tu l'as bien cherché gamin ! lança Agrios.

— Kihihihi ! Tu as vu dans quelle situation tu te retrouves ? Même si t'es un Saint tu n'as aucune chance de gagner seul contre nous trois, pas vrai ?

— Et merde ! dit Seiya, qui ne voyait aucune issue bienheureuse à ce combat inégal.

— Qu'est-ce que vous faites ? demanda une voix très claire. »


Kiki s'écrasa par terre avec un cri, sa concentration interrompue par une pression invisible.


« Aïe aïe aïe aïe... Qu'est-ce que c'était que ça ? De la télépathie ? Seiya ! dit Kiki.

— Comment ? dit Seiya »


Lui et Kiki se tournèrent tous deux en direction d'un nouvel envahisseur qui venait d'arriver.


« Yulij ? » s'étonna Seiya.


Seule la silhouette de l'intrus était visible, mais l'on pouvait cependant clairement distinguer Yulij du Sextant sur son épaule. Sa toge écarlate prouvait que cette jeune femme aux cheveux d'argent faisait partie des diacres du Sanctuaire. Yulij, apparemment inconsciente, ne renvoya aucune réponse à l'appel de Seiya.


« Et mince, comment se fait-il que je ne l'ai pas remarqué ! » se demanda Seiya, qui avait du mal à croire ce qui était en train d'arriver.


Un homme capable de passer ainsi inaperçu aux yeux d'un Saint avait nécessairement des capacités hors du commun. Ce quatrième intrus disparut alors sans un bruit en se fondant dans les ténèbres, emportant Yulij avec lui.


« Non c'est pas vrai, il a disparu ! dit Seiya abasourdi.

— Agrios, Pallas, nous avons fini de nous amuser, fit remarquer Thoas à ses compagnons enclins au combat.

— N'oubliez pas quel est notre but principal, ajouta-t-il.

— Kihihi, en effet, répondit Pallas. »

Agrios quant à lui se contenta d'un soupir exaspéré. Tous deux quittèrent leurs positions de combat.

« Où partez-vous ? cria Seiya.

— Ce n'est pas terminé entre nous gamin, je te rendrai la monnaie de ta pièce, lui répondit Agrios.

— Kihihi, tu t'en tires bien... pour le moment... », ajouta Pallas.


Agrios et Pallas redevinrent des silhouettes qui s'enfoncèrent dans les ténèbres nocturnes.


« Pégase... Seiya si je ne me trompe ? demanda Thoas.

— Oui ?

— Porte nos noms à Athéna. C'est la raison pour laquelle nous te laissons en vie.

— Pardon ?

— Il faudra qu'elle vienne en Sicile si elle souhaite récupérer cette gamine, et nous serons là pour l'attendre, nous les Géants de descendance divine, issus de Gaïa et autrefois scellés dans les profondeurs de la Terre.


Thoas relâcha le poing de Seiya et disparut à son tour comme s'il n'avait jamais existé.


« Attendez ! Vous...? » commença Seiya, qui ne percevait déjà plus aucune présence de Géants.


Il se remit debout en ruminant le fait qu'il ne pouvait rien y faire. Ceci semblait si irréel, mais pourtant l'effrayante rencontre de cette nuit n'avait rien d'un cauchemar, comme pouvaient en témoigner les cadavres des gardes autour desquels on pouvait encore percevoir la noirceur des intentions de leurs meurtriers.


« Les Géants sortis des profondeurs de la Terre ? »


2.3

Salle du Pope

Sanctuaire, Salle du Pope.

Cet endroit se trouvait aux portes de l'autel sacré d'Athéna, au sommet des douze temples du zodiaque et c'est de là que le Pope, dirigeant suprême des Saints qui tient ses ordres d'Athéna elle-même, gouvernait le Sanctuaire.


« Alors Yulij s'est faite kidnapper... » dit Shun,revenu en urgence du théâtre de l'Acropole et arrivé dans la Salle du Pope, vêtu de la Cloth d'Andromède, étincelante comme un saphir rose et dont la forme faisait plus penser au vêtement d'une jeune vierge qu'à une armure.


« Et merde dire que j'étais là et qu'ils ont quand même réussi à la prendre sous mes yeux ! » s'écria Seiya en serrant les poings, furieux de n'avoir su empêcher la fuite des Géants.


Les Cloths qu'ils portaient étaient des armures, un peu comme celles que possédaient les samouraïs, et le fait que ces Saints soient ainsi réunis avec leurs protections signifiait qu'un conseil de guerre était en train de se tenir.

« Ces intrus on franchi la barrière de protection du Sanctuaire avec une facilité déconcertante », fit remarquer Nicol, vêtu de la Cloth de l'Autel, d'une couleur argentée, tandis qu'il regardait avec inquiétude le masque fendu en deux de Yulij qu'il tenait entre ses mains.


« Comment va votre blessure Nicol ? s'enquit Shun.

— Ah, ça peut aller, mais j'ai été pris au dépourvu. »


Tout comme Seiya, Shun et Nicol étaient des Saints d'Athéna. La Salle du Pope était comprise entre des colonnes arrangées en ordre dorique et était ornée de rideaux. En son centre, un long tapis s'étendait jusqu'à un étage légèrement surélevé où se trouvait le trône du Pope, lequel était cependant inoccupé car le rôle de Pope était actuellement vacant. En conséquence, Nicol, qui était déjà affecté à la tâche d'évêque supposé assister le Pope, s'était vu confier la gestion de toutes les affaires internes du Sanctuaire.




Constellations du Zodiaque

Sauriez vous dire quel est le nombre de constellations présentes sur la voûte céleste ? Ce nombre est de quatre-vingt huit. À chaque fois que le Mal surgit pour menacer la Terre, les Saints se chargent de la protéger au péril de leurs vies. Ces hommes sont élus par la grâce divine qui leur offre des pouvoirs inaccessibles au commun des mortels et chacun d'entre eux est placé sous une constellation protectrice. Le ciel comporte 29 constellations boréales au nord, 47 constellations australes au sud, et enfin les 12 constellations du zodiaque. Ce sont ces 88 constellations qui furent choisies pour devenir les constellations protectrices assignées aux Saints sous la forme de Cloths dont la forme évoque ce qu'elles représentent et qui sont la preuve du statut de ces guerriers.


Pareillement aux constellations, la hiérarchie des Saints se compose de trois ordres qui sont l'or (Gold), l'argent (Silver) et le bronze. Ceux que l'on nomme les Gold Saints correspondent aux douze constellations du zodiaque bien connues des astrologues telles que le Bélier, le Taureau, ou les Gémeaux (et c'est évidemment eux qui sont chargés de la protection des temples du zodiaque précédemment mentionnés, chacun étant affecté à celui de son signe). Viennent ensuite les Silver Saints, puis les Bronze Saints qui constituent le rang le plus bas de la hiérarchie des Saints, et enfin les simples gardes ou soldats. Celui qui commande toute cette armée est nommé "Pope". Cet homme, toujours choisi parmi les Gold Saints, choisit lui-même celui qui deviendra son successeur. Il est aussi nécessaire de sélectionner des diacres parmi les Bronze Saints et Silver Saints. Ces sages se voient alors confier diverses tâches telles que l'observation du mouvement des étoiles qui leur permet de réaliser des prédictions sur les intentions d'ennemis potentiels, la rédaction des chroniques consignant les évènements historiques, ou bien la préservation des rites et cérémonies traditionnels du Sanctuaire.


Il est habituellement admis que la répartition des Cloths consiste en 12 Gold Cloths, 24 Silver Cloths, et 48 Bronze Cloths, mais en réalité il n'existe aucune certitude absolue sur les nombres exacts attribués à ces rangs, exception faite des douze Gold Cloths. D'un point de vue académique, il existe 88 constellations, nombre qui fût fixé par l'Union Astronomique Internationale en 1930 lors d'une conférence où les constellations australes furent mises en ordre, puis ajoutées à la liste des constellations définies dans l'antiquité par Ptolémée dans sa quasi-totalité. Cette classification est donc récente, et ne peut alors être prise comme une raison expliquant le nombre de Cloths, qui elles remontent aux âges divins d'autrefois.


En plus de cela, il est dit qu'il n'est jamais arrivé un moment de l'histoire où la totalité des Cloths avaient un porteur. En fait, personne ne sait avec certitude quel est le nombre exact de Cloths ayant existé, pas même le Pope. Les récits historiques relativement récent du Sanctuaire relatent que le plus grand nombre de Saints en action aurait été de soixante dix-huit tandis que d'autres sources rapportent que le compte maximal aurait déjà été de quatre-vingt huit par le passé, et il est même supposé que c'est en prenant vaguement connaissance de ce fait que certains astronomes auraient proposé le nombre de quatre-vingt huit pour les constellations, dans le but de coller à la légende, et il n'existe finalement aucune conclusion définitive à ce sujet. 


La plupart des gens pensent que les quatre-vingt huit constellations que l'on peut observer existent depuis la création du monde, alors qu'il n'en est rien. Par exemple, la constellation de Cerbère ne fait pas partie de la liste officielle, mais pourtant les récits du Sanctuaire prouvent que jusqu'à nos jours la Cloth de Cerbère est restée utilisée. Même l'étoile polaire qui nous paraît fixe a changé de position sur une échelle d'un millénaire, et des étoiles se sont éteintes. Il est certain que l'arrangement des étoiles sur la voûte céleste à souvent changé sur une période de cent millions d'années. Il est donc naturel de penser qu'à l'instar des étoiles, les Cloths ne soient pas figées dans l'immobilisme.


Le destin de chaque être humain est placé sous l'augure des astres, de sa naissance à sa mort. Le monde et celles-ci sont des reflets respectifs, les changements de l'un se retrouvent sur l'autre, et il en va de même pour l'apparence des Cloths qui correspondent aux constellations. Les Saints sont parfaitement conscients de cet état de fait et c'est pourquoi répondre qu'il existe quatre-vingt huit Saints lorsque la question est posée tient plus de la convention qu'autre chose. Quoi qu'il en soit, le nombre actuel de Saints qui sont encore aux côtés d'Athéna pour protéger la Terre n'atteint même pas la moitié des quatre-vingt huit théoriques.



Cloth de l'Autel portée par Hakurei au seizième siècle dans Saint Seiya - The Lost Canvas

« Au vu du récit de Seiya il est évident qu'il existe un lien entre l'homme qui nous a agressés au théâtre et les intrus qui ont enlevé Yulij, dit Nicol en esquissant encore une fois une grimace de douleur.

— Il a réussi à te prendre par surprise, toi un Silver Saint ? demanda Seiya à Nicol.

— En effet Seiya, et ce n'est pas vraiment à mon honneur... et ils ont aussi eu Yulij de la même manière je pense. »


Yulij était une Bronze Saint, tout comme Shun et Seiya, et le fait qu'elle soit une femme ne diminuait en rien ses compétences martiales, car la quintessence de la méthode de combat des Saints ne s'appuyait pas sur la force physique pure. Seiya comprenait très bien au vu du coup qu'il avait reçu d'Agrios que c'était la puissance des assaillants qui était en cause.


« Qu'est-ce qui vient d'être relâché sur ce monde, quel peut bien être l'objectif de ces ennemis ? demanda Seiya.

— Quoi qu'il en soit nous pouvons nous estimer chanceux que rien ne soit arrivé à notre déesse.

— Qu'y a-t-il de si chanceux Nicol ? »


La salle fût irradiée par une présence affectueuse alors que les rideaux s'entrouvraient. Une jeune femme venait d'apparaitre depuis les rideaux qui ornaient le fond de la Salle du Pope et s'avançait d'un pas solennel. C'était la divinité éternelle de ce Sanctuaire: Athéna, déesse de la Sagesse et de la Guerre.


« Athéna ! dit Nicol en se mettant rapidement dans une position de révérence, un genou posé au sol.

— Comment pourrions nous nous estimer chanceux alors qu'un de mes Saints bien aimé est actuellement exposé à un danger certain », lui dit froidement la déesse Athéna, qui n'était qu'une jeune fille.


Elle avait environ le même âge que Shun et Seiya, et possédait de longs cheveux châtains foncés qui descendaient jusqu'à sa taille. La jeune fille était aussi vêtue d'une élégante et féminine robe d'un blanc immaculé. Cette déesse était une jeune vierge d'une beauté sans égal.


« J'ai parlé sans réfléchir, et je vous présente donc toutes mes excuses Athéna, lui répondit Nicol.

— Ah, ne vous en faites pas pour ça. S'il vous plaît, relevez la tête Nicol, lui demanda-t-elle. »


Celle qui venait d'étendre sa main vers Nicol, pourtant bien plus âgé qu'elle, pour lui dire de se relever ressemblait à une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normal, exception faite de son incroyable beauté. Mais bien entendu, elle était loin d'être une personne commune.


« Notre problème vient des Géants, annonça Nicol.

— Je vous écoute. »


Les mots et la voix qui franchissaient ses lèvres donnaient l'impression d'être prononcés par une personne exceptionnelle.

Les cieux sont dirigés par Zeus, le dieu suprême, les océans par l'empereur marin, Poséidon, et les Enfers par l'empereur des ténèbres, Hadès. En plus des trois royaumes contrôlés par ces dieux se trouve la Terre, qui est défendue par une déesse d'une puissance égale : Athéna. Chacun des mots qui sortait de la bouche de la jeune fille était empreint de la puissante volonté divine d'Athéna. L'adolescente ici présente était sa réincarnation, une déesse vivante.


« Mais qu'est ce que sont les Géants ? demanda Seiya.

— Ce sont les êtres qui appartenaient à ce que l'on appelait le "clan des Gigas" dans la mythologie grecque, Seiya, lui répondit Nicol.

— Hum, dans la mythologie hein..., dit Seiya, un peu perdu.

— Il faudra que tu viennes faire un tour à la bibliothèque à l'occasion, Seiya. Je me ferais un plaisir de t'enseigner l'histoire du monde depuis sa création.

— Haha, non merci, les études ne sont pas mon fort, répondit Seiya en se grattant la joue.

— C'est du terme grec "Gigas" que proviennent des mots tels que "géant, gigantesque" qui attestent d'une grandeur démesurée, continua Nicol.

— Des Géants... ça ressemble quand même à un conte de fée, non ? D'accord les intrus que j'ai rencontré étaient plutôt grands, mais de là à dire que c'étaient des géants... Ce serait un peu exagéré je pense », dit Seiya en se passant une main sur la nuque.


Fresque dépeignant la Gigantomachie

Nicol se mit à raconter longuement ce qu'il savait à leur sujet, comme si il avait mémorisé un manuel d'Histoire.


« Les Géants appartiennent aux lointains temps mythologiques, et l'histoire qui nous intéresse s'est produite plusieurs ères après la bataille qui opposa le dieu Poséidon et Athéna sur les terres d'Attique, à l'occasion de laquelle l'ordre des Saints fût créé pour contrer l'armée du dieu des mers, et qui devint de fait la première Guerre Sainte de l'histoire. Notre récit concerne une Guerre Sainte qui cette fois ci n'était pas liée à Hadès, Poséidon ou un autre dieu Olympien, mais à des êtres au service d'un mal ancien qui désirait s'emparer de la Terre. Comme vous l'aurez deviné, ces êtres étaient les Géants. Ils prétendaient être les fils de Gaia et étaient munis d'Adamas dont la solidité surpassait celle de l'Orichalque. Leur puissance ébranlait les cieux, et leurs coups violents ravageaient tout sur leur passage, tel un incendie destructeur. De nombreux guerriers tombèrent les un après les autres devant eux en tentant de défendre la Terre. C'est finalement grâce à la présence du pouvoir divin d'Athéna, qui dirigea elle même ses troupes sur le champ de bataille, que la victoire put être obtenue de justesse, bien que presque tous les Saints furent décimés.

— Quelle guerre terrible, dit Shun.

— Athéna scella ensuite ces divinités maléfiques immortelles dans les entrailles du monde, entre Gaia et le Tartare, de sorte à ce que leur volontés maléfiques ne puissent plus jamais s'abattre sur le monde. Tels sont les faits concernant la Gigantomachie.

— Gigantomachie ? demanda Seiya.

— C'est sous ce nom là que cette légende est mentionnée dans la mythologie grecque », dit gravement Nicol.


Seiya en resta bouche bée.


« Si l'on en croit les écrits de l'historien Apollodore au sujet de la mythologie grecque, ce serait en Sicile, sous l'Etna, qu'Athéna scella les Géants, continua Nicol.

— La Sicile, dis-tu ? s'écria Seiya.

— Athéna, on dirait que ces envahisseurs qui se sont nommés "Géants" se sont effectivement rendus en Sicile, dit Nicol.

— Mais cependant, quel peut bien être leur but ? Et pourquoi ne s'en sont-ils pas directement pris à moi ? ajouta Athéna, attristée par les nouvelles de l'enlèvement de Yulij.

— Je me fais aussi beaucoup de soucis pour Yulij, mais si les Géants ont effectivement ressuscités je me demande surtout pourquoi eux, supposés être emprisonnés dans les profondeurs de la Terre depuis les temps mythologiques, ont choisi cette ère pour se libérer.

— Rendons nous en Sicile, propose la déesse.

— Vous souhaitez aller vous même en Sicile ? Je me permets de vous le déconseiller.

— Nicol, je sais que vous vous préoccupez toujours beaucoup de ma sécurité personnelle, et j'en suis heureuse, mais je ne peux pas non plus abandonner un de mes Saints en détresse.

— Athéna...

— L'affection que je porte envers mes Saints et les gens que je protège est comparable à celle que porte une mère à ses enfants », dit Athéna.


La jeune fille faisait preuve d'une volonté inflexible alors qu'elle comparait les Saints à ses enfants. Tel était le côté protecteur de la déesse Athéna.


« Bref, peu importe ! s'écria Seiya.

— Je ne sais pas si ce sont vraiment des Géants, mais je préfère aller voir ça par moi même plutôt que de rester sans agir pour réfléchir à ce qu'ils trament dans leur coin ! J'y vais !

— J'y vais aussi, dit Shun.

— Vous deux..., dit Athéna.

— Bien, Seiya, Shun, je vous autorise à vous rendre en Sicile », déclara Nicol, qui était habilité à donner des ordres en tant que substitut du Pope et venait de prendre cette décision alors qu'Athéna hésitait.


Les deux Bronze Saints vêtus de leurs Cloths de Pégase et d'Andromède acquiescèrent vigoureusement.


« Votre mission sera dans un premier temps de rechercher et d'observer les mouvements de l'ennemi, puis nous soumettrons vos résultats au jugement d'Athéna pour déterminer la suite des opérations.

— Mais..., objecta Seiya.

— Le déroulement de votre mission sera conforme à ce plan, trancha Nicol. »


Fanart de Nicol par Marco Albiero.

Une voix bruyante se fit entendre hors de la grande salle alors que Nicol finissait sa phrase.


« Je suis de retour !

— Kiki ? s'exclamèrent Shun et Seiya en se tournant dans sa direction.

— Merci pour tous tes efforts Kiki, dit Nicol.

— Vous êtes un véritable maître esclavagiste seigneur Nicol ! Êtes vous une sorte d'ogre ? D'accord il n'y a que 800 kilomètres entre le Sanctuaire et l'Italie. Mais me faire faire un aller-retour instantané sur cette presqu'île de la mer Ionienne est incroyablement difficile !

— Eh bien si tu as encore suffisamment de forces pour tous ces sarcasmes, c'est que tout va bien, le taquina Nicol.

— Kiki, tu viens de faire un aller-retour en Sicile ?

— Et oui », dit Kiki en faisant un clin d'œil à Seiya.


Franchir les dimensions en se téléportant était spirituellement fatiguant, et il était donc évident que ce genre d'aller-retour direct avait épuisé Kiki.


« Mais qu'est ce que tu es allé y faire ? demanda Shun.

— Ce que je suis allé y faire ? Ben, par exemple je suis parti faire une mission spéciale dont personne d'autre ne pouvait se charger, répondit Kiki en rigolant.


« Kiki est revenu en compagnie de celui qui vous servira de guide, expliqua Nicol.

— Se téléporter avec une autre personne est deux fois, non même quatre fois plus crevant ! Ah... je suis complètement à plat pour aujourd'hui. »


Même si Kiki avait eu l'air en pleine forme au vu de ses interventions animées, il n'en était pas moins fatigué et s'assit en plein dans la salle.


« Un guide ?

— Vous allez avoir besoin de quelqu'un pour vous montrer le chemin ! dit une nouvelle voix alors que Seiya posait sa question.

— Hein ?

— À première vue, la Sicile est juste une grande île de la mer méditerranée, mais une fois là-bas ne risquez vous pas de vous perdre sur ses routes ? Hein, petit Seiya ? »


Le jeune homme qui venait d'entrer dans la Salle du Pope en lançant cette remarque ironique posa familièrement sa main sur l'épaule de Seiya. Il le dépassait de dix centimètres et devait avoir deux ou trois ans de plus. Il semblait être réceptif à la mode au vu de son visage, et son style vestimentaire ressemblait à celui des mauvais garçons des bas fonds de la ville. Ses cheveux teints d'une couleur argentée s'étendaient dans son dos en une crinière qui le faisait ressembler à un loup.


« Et tu es... ?

— Ahahaha, pas la peine de faire cette tête effrayante. Je vois que t'as pas changé depuis l'époque où on était gosses, toujours prêt à chercher la bagarre. »

Seiya se sentit emplit d'une intense vague de nostalgie en regardant ce jeune homme qui riait.

« Depuis l'enfance, tu dis ?

— Non, c'est pas vrai, mais alors tu serais... ? »


Une expression de surprise se dessina en même temps sur les visages de Shun et de Seiya. Un moment du passé, une vision d'autrefois. Ils revirent en même temps un souvenir de leur enfance, un même lieu, une même époque.


« Tu es... Mei ? » demanda Athéna, dont l'expression était redevenue celle d'une jeune fille, et qui revoyait les mêmes souvenirs que les deux Bronze Saints.


Un vague souvenir se rappela à eux.


« Mei !

— Incroyable, c'est vraiment toi, Mei ?

— Tu n'as pas changé Seiya, et toi tu es Shun, qui passait toujours son temps à pleurnicher. Et enfin... »


Le jeune homme à la chevelure d'argent se dirigea vers Athéna.


« Cela faisait longtemps, mademoiselle Saori. »


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