Livre 2 - Chapitre du sang

De SaintSeiyaPedia
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Prologue : Echidna

Palais du Pope.

Le Sanctuaire.

La Volonté Divine pure qui emplissait le Palais du Pope provenait d'une salle destinée au repos située au fond de celui-ci. Deux personnes s'y trouvaient, une jeune femme et un jeune homme.


« Me reconnais-tu, Mei ?

— Saori... », répondit le jeune homme aux cheveux d'argent étendu sur le lit, en s'éveillant lentement.

Il croisa un regard couleur de cendres. La jeune fille qui lui faisait face était d'une beauté éblouissante. Mei se reprit et corrigea le nom par lequel il l'avait appelée.

« Athéna.

— Oui. »

La jeune fille était Athéna, déesse réincarnée, et le jeune homme était un Saint, un des guerriers au service d'Athéna.


« Étais-je endormi ? » demanda-t-il.


Mei jeta un coup d'oeil sur son propre corps et s'aperçut qu'il était vêtu d'un fin chiton au tissu souple. Il ne transpirait plus. Sa fièvre avait disparu, tout comme la douleur tapie dans la blessure, laissée dans son dos par le coup de griffe de Pallas, qui n'avait cessé de le tourmenter pendant son sommeil. Cependant, en le regardant bien on ne pouvait qu'être frappé par la pâleur de son visage qui trahissait son état de convalescent.


« Tu as dormi continuellement pendant dix jours suite aux événements en Sicile », lui annonça Athéna comme à un naufragé ayant perdu le cours du temps.


Mei commença à se souvenir de ce qui s'était passé, des combats avec ces Géants venus de temps immémoriaux, de la résurrection du dieu Typhon, et de quelle manière la Volonté de celui-ci s'était emparée de son être, jouant avec lui tel une marionnette tout en dérobant son Cosmos et ses forces vitales.


« Déjà 10 jours... aussi longtemps que ça...

— Mais tu as eu de la chance. Lorsque tu étais inconscient, ta respiration en était presque devenue imperceptible. Je craignais vraiment que tu ne te réveilles jamais », dit Athéna soulagée.


Cette jeune fille, la réincarnation d'une déesse, semblait à ce moment-là être à nu, sans défense. Son nom était Saori, et le jeune homme se nommait Mei. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, cette scène ne donnait pas l'impression d'un dialogue entre un serviteur et sa maîtresse, et c'est plutôt un mélange de sentiments complexes qui s'en dégageait.


Tokumaru Tatsumi, par Trident.

« Il y a une certaine personne qui désire te voir, dit Saori.

— Me voir, moi ? » répondit Mei surpris.


Sur la demande d'Athéna, une silhouette à la démarche hésitante émergea d'un recoin sombre de cette chambre.


« Mai... maître Mei !!

— Tatsumi ? répondit Mei, très surpris de voir cet homme.

— Alors vous étiez donc bien vivant ! Oh, vous vous ne pouvez pas imaginer la joie que ça me procure ! Moi, Tatsumi, ne trouve aucun mot pour exprimer mon soulagement ! dit ce grand homme au crâne rasé vêtu d'un smoking noir, son visage sérieux trempé de larmes.

— Décidément, tu es un homme très dévoué à ta tâche. À ce que je vois, même maintenant tu continues à assumer la protection de la demoiselle Saori.

— En effet ! Ah, si seulement l'ancien maître, Monsieur Mitsumasa Kido, était encore vivant, il serait également heureux de vous savoir ici. »


Cette personne était Tatsumi Tokumaru, majordome au service de la famille Kido à qui appartenait la Fondation Graad. Pour les 100 orphelins que le défunt Mitsumasa Kido avait réunis afin d'en faire des Saints, l'homme fort qu'était Tatsumi avait laissé l'impression d'être à la fois un garde du corps et une nounou s'occupant de Saori Kido.


« Athéna est aussi l'héritière de la Fondation Graad après tout. Mais... j'ai l'impression que mon smoking me donne une allure un peu bizarre au sein du Sanctuaire, dit Tatsumi en étirant ses bras avec sa carrure de catcheur.

— Ha ha ha.

— Je ne savais pas ! » dit Athéna, ou plutôt à ce moment-là Saori Kido, d'une voix tremblante.

Mei comprit immédiatement de quoi il retournait voyant l'attitude embarrassée de Tatsumi.


« Tu lui as tout raconté Tatsumi !

— Je suis inexcusable ! cria un Tatsumi confus.

— Tu n'aurais pas dû parler des affaires qui nous concernent, mon père et moi.

— Je sais... Je ne l'avais bien entendu pas oublié ! Mais cela fait plusieurs années que le Maître nous a quittés, et la jeune demoiselle Saori s'est éveillée à son état d'Athéna ainsi qu'il le souhaitait. Et maintenant j'apprends que vous étiez toujours vivant. Je ne pouvais pas raisonnablement garder le silence.

— Ah, tant pis, ce n'est pas grave, dit aimablement Mei.

— Je n'avais pas réalisé... J'ignorais tout jusqu'à aujourd'hui, Mei ! Dire que tu es en fait le successeur de mon grand-père, l'héritier de la famille Kido ! dit Saori.

— C'était normal que tu l'ignores, je voulais justement te le cacher. »


Mei se tourna vers Athéna, ou plus exactement vers Saori.


Mitsumasa Kido, par Trident.

« Tu es le véritable héritier de la lignée Kido. À ce que j'ai appris... Tu passais parfois du temps avec moi, à me considérer avec affection comme ta petite sœur à l'époque où Grand-père a commencé à m'élever, à un âge dont je ne garde aucun souvenir. Mais à l'origine, c'était toi qui aurais du recevoir la Fondation Kido, ça aurait été le cas si je n'avais pas été là.

— Cette histoire...

« Mei !

— N'évoque plus cette histoire, s'il te plaît. Et surtout pas devant Seiya et les autres.

— Est-ce par rancune envers mon grand-père ? A cause de la décision que ton père a prise ?

— Vous vous trompez, mademoiselle ! » intervint Tatsumi, incapable de garder en lui une telle vérité.


Mei se décida à tout expliquer.


« Cela date du jour où j'ai appris que les orphelins réunis dans cette institution étaient tous mes frères de sang. Je ne pouvais alors supporter l'idée de vivre une existence insouciante et dépourvue de contraintes en tant qu'héritier de la Fondation Graad, il était injuste que j'ai droit à un tel traitement de faveur. J'ai finalement demandé à partager le même destin qu'eux, c'était un choix personnel fait en toute connaissance de cause.

— Tu as toi-même choisi ceci...

— Mitsumasa Kido était mon père. Mais c'était aussi celui de Seiya, de Shun, de Hyōga, et de la centaine d'orphelins réunis afin de devenir des Saints. Notre père à tous. Nous avons un lien de sang qui durera le reste de nos vies.

— Ca me rappelle qu'il avait toujours souffert de ce choix, et ce jusqu'à son dernier souffle. Il a du envoyer vers un véritable enfer ses propres enfants, sa chair, afin que ceux-ci suivent des entraînements de Saints, tout ça pour pouvoir protéger l'amour et la justice sur Terre. Il a évité de les reconnaître comme ses enfants afin que ceux-ci n'aient pas d'attaches avec ce monde, dit Saori.

— Je le sais bien, lui répondit Mei.

— Mei...

— Je n'éprouve ni rancœur, ni amertume envers mon père. À vrai dire, je lui suis reconnaissant. Il m'a laissé la liberté de pouvoir suivre le même entraînement de Saint que les autres orphelins, mes frères. Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais jamais pu les regarder dans les yeux lors de nos retrouvailles. Nous n'aurions pas non plus eu de souvenirs d'enfance à partager. J'aurais à jamais été hanté par la culpabilité.

— Mais ce n'était pas de ta faute...

— Et c'est la même chose en ce qui te concerne... Athéna. Il n'y a pas de raisons pour que je bénéficie d'un traitement de faveur. »


Saori Kido ne savait que lui répondre.


« Saori, vous êtes la réincarnation d'Athéna en cette ère, et je suis un de vos Saints. »


Mei, en son for intérieur, prit la ferme décision de ne plus appeler la jeune fille par le prénom qui lui avait été donné.


« Mais... commença Saori.

— C'est à la fois le destin que j'ai choisi et celui qui était écrit dans les étoiles.

— Maître Mei ! s'exclama Tatsumi, surpris.

— C'est aussi valable pour toi, Tatsumi. Tu ne dois plus t'adresser à moi comme si tu étais à mon service, continua Mei avec un sourire amer.

— Tu comptes donc vivre en dissimulant tes origines et les droits qui sont tiens ? lui demanda Saori.

— Exactement.

— Mais enfin... ! gémit Tatsumi.

— Je me suis déjà fait cette promesse lorsque j'étais enfant, il y a de nombreuses années, et j'étais résolu à mourir pour elle. En quoi le fait que je sois maintenant adulte changerait quelque chose ? Je suis Mei, rien de plus. Je n'ai que ce seul nom depuis que j'ai rejeté mon appartenance à la famille Kido. Alors Tatsumi... comporte-toi envers moi comme tu le faisais à l'époque où j'ai rejoint l'orphelinat. En ce temps-là tu t'efforçais de jouer le jeu, et me traitais comme Seiya et les autres, en me frappant si nécessaire. »


Cloth de l'Autel.

« Athéna ! dit une voix qui à travers la porte de la chambre.

— Est-ce vous, Nicol ? s'enquit Athéna.

— Le moment est-il opportun ? demanda le substitut du Pope.

— Oui, vous pouvez nous rejoindre, lui répondit la déesse.

— Ah, Mei ! Tu as repris connaissance ! »


L'homme qui venait d'entrer était le Silver Saint Nicol de l'Autel, évêque du Sanctuaire. Mei, surpris, sortit en hâte de son lit en le voyant, puis il s'écarta de Saori les jambes encore tremblantes et s'agenouilla enfin devant son supérieur. L'évêque avait l'apparence d'une statue grecque, et son visage raffiné reflétait aussi bien sa sagesse que sa culture. Celui-ci retira son casque et se présenta devant Athéna en faisant comme toujours preuve d'une grande déférence.


« Que Mei, si proche des portes de la mort, ait pu être sauvé est indubitablement dû à votre bienveillance, ô Athéna. C'est un miracle provoqué par l'immense amour qui vous habite. Moi, Nicol, dirigeant des Saints en tant que substitut du Pope, vous adresse mes plus sincères remerciements.

— Je n'y suis pour rien, Nicol.

— Et je t'adresse aussi mes plus profonds remerciements, Tatsumi, pour t'être rendu en Italie et avoir pris en charge les négociations avec l'armée nationale ainsi qu'avec le gouvernement Sicilien, continua Nicol en s'inclinant poliment vers Tatsumi.

— Mei. Te reste-t-il des souvenirs relatifs à la période où tu étais possédé par Typhon ? demanda l'évêque en se tournant vers le jeune homme.

— Un certain nombre. Mais ce sont des souvenirs assez flous. Plus exactement, des fragments épars, et je ne suis donc pas sûr de l'ordre des évènements, du moment où c'est arrivé, ou bien de ce qui s'est passé dans le détail. Tout ceci est très confus, répondit Mei à contre-cœur.

— Pourrais-tu m'énumérer ce qui te vient à l'esprit un peu plus tard ?

— Nicol. Mei vient à peine de reprendre conscience... intervint Athéna.

— Je le sais, Déesse, mais le monde se trouve dans une situation critique. Les faits et gestes de Typhon, la source de tous nos problèmes, nous sont complètement inconnus depuis l'éruption de l'Etna, et on peut supputer que celui-ci est en train de recouvrer ses forces quelque part. Les recherches menées par les Saints et par nos espions n'ont rien donné et nous sommes désormais à cours de pistes.

— Comment va Seiya ? demanda Mei.

— Ne t'en fais pas, il est bien entendu sain et sauf, lui répondit Athéna.

— Il sautille comme un cabri. Les jeunes gens récupèrent vite, dit Nicol qui pour sa part ressentait encore une vive douleur au niveau du ventre.

— Pardon, je n'ai aucune excuse », dit Mei.


Cette visite lui avait rappelé qu'il avait attaqué Nicol dans le théâtre de l'Acropole, et il présenta alors ses excuses à genoux, avec une politesse à laquelle il n'était guère habitué. Mei se sentait très contrarié par l'offense qu'il avait commise, et était perdu quant à ce qu'il devait désormais faire. Lorsque son regard croisa ses mains, Mei se souvint très clairement que celles-ci avaient tenté d'assassiner Seiya. Il avait meurtri la chair de son frère de sang alors qu'il était la marionnette de Typhon, et cette blessure était gravée dans son esprit. Il se blâmait d'avoir été trop faible pour pouvoir lutter contre la possession de Typhon.


« La déesse Athéna t'as accepté en tant que Saint, Mei, lui dit l'évêque.

— Comment ? s'exclama le jeune homme stupéfait.

— Reçois cette Cloth qui prouve que tu es désormais un Saint. Bien qu'elle soit d'un type quelque peu inhabituel », dit Nicol, qui était en train de procéder à l'intronisation de Mei en tant que Saint.


Chevelure de Bérénice.

Mei dirigea son regard vers la Pandora Box posée dans un coin de la chambre. Une boîte entièrement noire, si noire qu'elle semblait aspirer la lumière autour d'elle. Un motif représentant une femme vue de dos était gravé dessus.


« La Chevelure de...

— C'est la Cloth de la Chevelure de Bérénice, qui est donc ta constellation protectrice, Mei.

— Je vois. »


Le jeune homme s'agenouilla à nouveau devant Nicol et prêta serment, jurant de faire preuve d'une loyauté indéfectible envers Athéna. Un nouveau Saint était né, Mei de la Chevelure de Bérénice.


« Tu devras répondre aux ordres de Nicol de l'Autel, représentant d'Athéna en tant que substitut du Pope. Ton devoir en tant que Saint sera de protéger la déesse Athéna et la justice sur Terre. Cette Cloth ne doit jamais être utilisée afin d'assouvir tes intérêts personnels. Si tu venais à enfreindre ces règles et à souiller cette Cloth, saches que celle-ci et ta constellation protectrices se retourneraient alors contre toi afin de te détruire.

— Ma Cloth me détruirait ?

— Et c'est sans mentionner le destin particulier que tu as reçu de ta constellation...

— Evêque, qu'est donc vraiment cette Cloth ? demanda Mei en se rapprochant lentement de la Pandora Box. »


Les Cloths étaient normalement réparties en trois ordres: l'Or, l'Argent et le Bronze. Cependant, la ténébreuse Cloth de la Chevelure de Bérénice n'appartenait à aucun de ces grades établis.


« Elle est liée à ce qui s'est passé lors de l'antique Gigantomachie. Mei, et il est primordial que tu apprennes la vérité à son sujet. »


Nicol commença son récit.



Cappadoce, Anatolie, Turquie.

La tanière de Typhoeus.

Cet endroit est succinctement évoqué dans un des antiques poèmes grecs épiques. (NDT: Illiade, Arime)

« Ô, mon illustre Maître..., commença avec frayeur un Géant vêtu d'une Adamas de Cornaline qui faisait traîner ses longues griffes sur le sol.

Le dieu que vénérait le Géant était aussi un dieu qu'il craignait : Typhoeus, aussi connu sous le nom de Typhon.


« Athéna... », prononça une voix divine.


Typhon, l'immense dieu des tempêtes, était revenu à la vie après la destruction du sceau d'Athéna, et il se trouvait désormais au plus profond d'un réseau d'obscures cavernes pareilles à l'intérieur d'une fourmilière, un structure ressemblant aux cités souterraines de Cappadoce.


« Athéna s'est complètement réincarnée en cette ère. »


La partie droite de son corps était enveloppée d'un incessant feu chthonien tandis que la partie gauche, parcourue d'éclairs, était balayée par un vent issu des entrailles de la Terre. Une puissance immortelle résidait dans ce corps asymétrique, asymétrie qui se retrouvait dans la forme de sa ténébreuse Adamas d'Onyx. Celle-ci semblait être née de son corps, à la manière des ongles qui quittent la chair, et elle ressemblait plus à une carapace qui se serait solidifiée d'un bloc sur lui qu'à une armure séparée.


« Athéna s'est complètement réincarnée en cette ère, et de mon côté je dois me contenter d'un corps aussi frêle », continua Typhon, ne s'adressant qu'à lui-même et ne prêtant pas la moindre attention à Pallas de la Stupidité qui se tenait pourtant à ses côtés.


« Ki hi hi ! Comment ? Même le puissant corps d'Encélade ne suffit pas ? s'exclama Pallas, incrédule.

— Il n'est absolument pas en mesure de supporter mon véritable pouvoir », continua Typhon en se caressant le menton.


Sa mâchoire, fendue par Mei sous l'Etna, avait déjà guéri, mais cette offense ne prouvait que trop bien à Typhon, dernier fils de la lignée des Géants, à quel point le robuste corps de son frère aîné Encélade était insuffisant. Typhon était le vent violent, un être qui n'avait pas besoin d'expliquer ses raisons. C'était un dieu incarnant l'apothéose de la destruction, un tourbillon dévorant tout sur son passage et dont la faim n'était jamais rassasiée.


« J'ai besoin de mon véritable corps, c'est le seul réceptacle approprié.

— Mais... au risque de provoquer votre courroux, je dois vous rappeler que votre corps étincelant fut complètement réduit en miettes par Athéna lors de la Gigantomachie.

— Athéna ! » s'exclama Typhon.

Des flammes et éclairs nés de Typhon même se mirent à parcourir la sombre caverne qui fut alors illuminée par leur éclat, tandis que Pallas de la Stupidité criait, effrayé. Ils se trouvaient tous deux face à un autel maléfique, semblable à celui qui se trouvait sous l'Etna. Une terre sainte des Géants.


« Encore et toujours cette Athéna et ses Saints. »


Echidna.

Le dieu tourna son regard au dessus de l'autel et fixa une statue qui le surplombait. Cette statue représentait une magnifique déesse complètement nue et à la poitrine opulente. Cependant, un battement de cœur retentit. Il ne s'agissait pas d'une statue mais bien d'un être vivant, bien que son visage inexpressif et ses lèvres closes pouvaient faire croire que cette femme avait été pétrifiée. Qui plus est, son ventre rebondi laisser penser qu'elle était enceinte.


« Une copie de ma personne. »


Le sot Pallas fut captivé par la beauté de la compagne de Typhon. Le corps dénudé de cette femme à la peau blanche et à la beauté envoûtante n'était guère dissimulé que par de longs cheveux d'ébène qui descendaient jusqu'à sa taille.

Alors que son regard continuait à descendre en dessous de la taille de cette femme, Pallas, surpris, ne distingua que des écailles là où il s'attendait à trouver des jambes. Pour une raison ou pour une autre, la parte inférieure du corps de cette déesse était une queue de serpent lovée sur elle même. Qui plus est, l'autel où elle se trouvait semblait suspendu dans l'espace et le temps, une zone que l'on aurait pu appeler un cocon, délimitée par une fine barrière.


« Il s'agit d'une Prison de Stase, expliqua Typhon, s'adressant pour la première fois à l'attention de Pallas.

— A l'époque de l'ancienne Gigantomachie, juste avant qu'Athéna et ses Saints ne me scellent sous l'Etna, j'ai lancé cette malédiction afin d'emprisonner les Géants encore vivants. Vous n'avez pas été scellés dans les entrailles de la Terre par Athéna, ô mes frères aînés, mais par ma Volonté, continua-t-il.

— Comment ? s'exclama un Pallas confus qui avait toujours pensé avoir été emprisonné en compagnie de Typhon par Athéna.

— Contrairement à Moi, vous n'êtes pas immortels, mes chers aînés. Si vos corps avaient péri, il aurait été ardu de vous ressusciter. C'est pourquoi j'ai enfermé vos chairs et âmes dans une prison semblable à celle-ci.

— Je comprends maintenant ! Vous avez d'abord hameçonné ce Mei afin de défaire les sceaux qui nous retenaient prisonniers, et ensuite...

— Le sang des Saints et de mes frères offerts en sacrifice m'ont finalement permis de renaître en ce monde.

— Ah.

— J'ai ressuscité.

— Et qui est donc cette femme ? demanda Pallas, nerveux.

— Il s'agit d'Echidna, la dernière femme de la lignée des Géants », répondit Typhon, dont le regard imprimé de flammes exprimait son admiration envers cette femme à la beauté préservée depuis la Gigantomachie par la Prison de Stase.


« Elle porte en elle mon véritable corps, le réceptacle de ma volonté, ma forme adéquate.

— Oh ! Alors vous aviez donc fait des préparatifs en vue de votre réincarnation ? dit Pallas, acclamant l'ingéniosité de son maître.

— Il est temps de rompre les sceaux de cette prison ! Le corps qui grandit en Echidna sera le réceptacle de ma Volonté ! Et à ce moment-là ma résurrection sera complète ! Mais je vais malheureusement devoir résider dans cette frêle enveloppe jusqu'à ce qu'il soit prêt.

— Ce corps est effectivement misérable, dit une voix inconnue.

— Qui va là ? » s'écria Pallas, qui mit ses griffes en position de combat face à cet intrus qu'il n'avait pas remarqué.


Cappadoce, Anatolie, Turquie.

Trois silhouettes jusqu'alors indétectables apparurent silencieusement dans cette terre sainte des Géants.

« Fils, dit Typhon sans même regarder les nouveaux arrivants.

— Ki hi hi.... Fils ?

— Mes fils.

— Ces personnes sont donc... votre descendance divine ? dit Pallas en clignant des yeux, encore stupéfait par la situation.

— Mes enfants, vous qui êtes nés lors de la Gigantomachie d'autrefois et qui avez grandi à la bordure de ce temps suspendu, les sceaux ont été levés !

— Père », répondirent ses fils en se gardant bien d'employer le nom de leur géniteur immortel.


Le nom d'un dieu est une incantation.

Si Typhon avait appelé ses fils par leurs noms, ceux-ci auraient sombré dans la folie et des flot de sang auraient jailli de leurs oreilles. Si sa descendance l'avait appelé par son nom, leur langue aurait été arrachée et ils se seraient vus privés de la parole. Chacune de ces trois silhouettes annonça son propre nom.

« Orthros, le chien maléfique bicéphale.

— Chimera, la bête composite.

— Ladon, le dragon à cent têtes.

— Mes fils.

— Oui, répondirent-ils à l'unisson.

— Consacrez ces vies que je vous ai donné à ma résurrection », leur ordonna fermement Typhon.

Tous trois s'approchèrent sans mot dire et se prosternèrent face à cette Volonté Divine.



Chapitre 1 : La Chevelure de Bérénice

Chapitre 1.1

Péloponnèse.

Presqu'île du Péloponnèse.

Cette presqu'île reliée à la Grèce via l'isthme de Corinthe faisait partie de la péninsule sud des Balkans.

« Ils ont là aussi quitté les lieux », dit Seiya, Bronze Saint de Pégase, bloqué dans un cul-de-sac au fin fond d'une caverne.


L'intérieur de la grotte était éclairé d'une bien mystérieuse lumière, là où une obscurité totale aurait du régner. Seiya était cependant familier avec ce phénomène.


« Le même genre d'éclat régnait dans les profondeurs de l'Etna, là où Typhon était scellé. Cet endroit est aussi un sanctuaire des Géants, ça ne fait aucun doute », remarqua-t-il.


La voûte de la caverne était cependant bien plus basse et il n'y avait pas de temple. Seules restaient quelques formations de pierre indiquant les ruines d'un autel. Seiya, debout devant l'autel en ruines, jeta quelques fragments de pierre.


« Pourquoi ? J'ai pourtant le sentiment que quelqu'un était ici il y a peu. Je ressens quelque chose de semblable à la trace d'un Cosmos. Mais je ne perçois plus aucun ennemi ici. »


Il ne restait rien en ce lieu si ce n'était une nuée de chauve-souris agitées près de l'entrée de la grotte.

« Ce doit être mon imagination », conclut-il.

Les vestiges des Géants étaient tels la peau laissée après une mue. Il ne restait plus à Seiya qu'à quitter les lieux.


Chapitre 1.2

Coucher de soleil.

Le soleil était en train de se coucher, le crépuscule cédant la place à la nuit, et la silhouette d'une diacre vêtue d'un chiton blanc et d'un himation rouge vermillon se dressait dans un observatoire stellaire bâti sur une montagne escarpée. Il s'agissait de Yulij du Sextant.

Elle se trouvait au Sanctuaire, terre sacrée des protecteurs d'Athéna, et quartier général des Saints défendant l'Amour et la Justice sur Terre.


« Un véritable rouge sang. Depuis quand le coucher de soleil est-il devenu aussi écarlate ? demanda une voix dans le dos de Yulij.

— Ce sont les conséquences de l'éruption volcanique, répondit la jeune femme.

— L'Etna, pas vrai ? » dit Mei, tout juste arrivé dans l'observatoire.


Celui-ci portait un T-shirt noir uni ainsi qu'un pantalon qui lui donnaient un air de mauvais garçon, dépareillant fortement avec les vêtements antiques de Yulij.


« Sais-tu pourquoi les couchers de soleil rendent les cieux pourpres ou pour quelle raison le ciel est bleu ? lui lança la jeune femme.

— Eh bien... Il me semble que c'est en rapport avec la dispersion des rayons du soleil ainsi que leur longueur d'onde, répondit vaguement Mei.

— L'éruption de l'Etna est d'une puissance jamais vue depuis des siècles. L'énorme quantité de poussières volcaniques projetées dans la stratosphère forme autour du globe un épais rideau qui masque les rayons du soleil. Si le crépuscule est devenu d'un tel pourpre, c'est parce que les poussières en suspension bloquent le spectre bleu. Selon les prévisions des scientifiques de la fondation Graad, la proportion de rayons solaires atteignant le sol sera réduite de plus de 10% pour les 3 à 5 ans à venir.

— L'impact sera très lourd, aussi bien au niveau des troubles climatiques que sur la production agricole, ce qui entraînera de nombreuses famines, conclut Mei en soupirant.

— Est-ce que tu vas mieux ?

— Oui, et de ton côté, j'ai entendu dire que tu avais une fracture à la boîte crânienne.

— En ce moment, aucun Saint capable de se lever ne peut se permettre de rester à l'hôpital, expliqua Yulij.

— On dirait bien, dit Mei en riant jaune avant de se tourner face à Yulij.

— Alors, ton masque est réparé ? demanda-t-il.

— Tu parles de celui que tu as brisé ? répondit Yulij, dont le magnifique visage était dissimulé derrière un masque.

— Ne me taquine donc pas comme ça. J'ai aussi eu droit aux reproches de l'évêque. Il est du genre à savoir taper là où ça fait mal.

— Je compatis à ta douleur, répondit ironiquement la femme Saint.

— Mais faut-il vraiment que tu portes ce masque par-dessus tes bandages ?

— Telle est la loi. »


Les femmes devaient rejeter leur féminité afin d'entrer dans l'ordre des Saints, et on leur inculquait donc l'obligation de porter un masque. Yulij en avait ainsi un de posé au-dessus des bandages enserrant son front.


Masque.

Le sol de l'observatoire décoré des 12 constellations du Zodiaque était désormais endommagé. Ces dégâts portaient encore la trace du poing de Mei. Celui-ci, alors manipulé par Typhon, s'était introduit au Sanctuaire, puis avait brisé le masque de Yulij dans cet observatoire avant de l'emmener inconsciente dans l'Etna.


« Et sais-tu quelle est l'autre règle qui accompagne celle-ci ? demanda-t-elle.

— L'autre règle ?

— Oui... »


Sans prévenir, Yulij fonça brutalement sur Mei pour se retrouver près de lui, le tranchant de la main posé contre le cou du jeune homme. Pour un Saint, un simple mouvement de main dans une telle position pouvait suffire à trancher la tête de la victime.


« Pour une femme Saint, être le visage à découvert est encore plus humiliant que d'être vue nue, et si jamais ce masque est retiré de force, nous nous devons d'abattre le fautif.

— Je connais déjà cette règle.

— Mei.

— Alors, dois-tu également assassiner ton médecin ?

— Les médecins c'est différent...

— Mais il me semble aussi qu'il y a la possibilité d'aimer celui qui vous met à nu, non ? »


Mei se permit de rire en dépit de cette main appliquée contre sa gorge, une main pourtant capable de fendre un arbre en deux.


« Cesse de faire le pitre.

— Ah...

— Imprudent

— C'est ma façon d'être

— Tu crois que je ne suis pas capable de te tuer ?

— En fait ce n'est pas nécessaire. Malheureusement, je ne n'ai pas vu ton visage, avoua-t-il.

— Ou je devrais plutôt dire que je ne m'en rappelle pas. L'évêque a dû te le dire, non ? Il ne me reste que des souvenir flous de la période pendant laquelle j'étais la marionnette de Typhon. Je me souviens vaguement avoir fendu ton masque en ce lieu, mais je n'arrive pas à me rappeler ton visage, poursuivi-t-il.

— Cette amnésie tombe à point nommé, n'est-ce pas ?

— Et si jamais je mentais, m'aimerais-tu inconditionnellement ? »


Yuri retira subitement sa main.


« Je préfère considérer que tu n'as pas vu mon visage plutôt que d'aimer un homme si agaçant.

— Mince alors.

— Les étoiles doivent pleurer de voir quelqu'un comme toi devenir Saint. Mais quel genre d'enseignement ton maître t'a-t-il prodigué ?

— Toutes sortes de choses, dit Mei en fermant un oeil.

— L'école de la vie, dit-il.

— La destinée tracée par l'étoile qui t'a choisi n'est guère facile, dit Yulij en contemplant la voûte céleste.

Le char d'Hélios disparut à l'ouest, au delà de l'horizon. Les teintes violettes qui se dégradaient vers un rouge profond commençaient à se fondre dans les ténèbres.


« On ne peut guère voir les étoiles aujourd'hui, dit Mei en levant les yeux vers cette voûte céleste qui semblait plongée dans un fin brouillard.

— Ces détestables Géants et leur dieu Typhon ont voilé le ciel de cendres, nous cachant ainsi cette vue, dit Yulij, anxieuse.

— Typhon, hein...

— Qui plus est, tes astres sont particulièrement difficiles à voir, Mei, dit Yulij en pointant un coin du ciel de son index.


A l'ouest, dans ce ciel encore faiblement éclairé par l'éclat du soleil, se trouvaient encore des constellations de printemps alors que la saison venait de passer.


Chevelure de Bérénice.

— L'amas stellaire de la constellation de la Chevelure de Bérénice se trouve au nord de la constellation de la Vierge, coincée entre Denebola, étoile beta de la constellation du Lion, et Arcturus, étoile alpha de celle du Bouvier. Ou du moins, c'est là qu'elle devrait être, expliqua Mei.

— Une constellation sans étoiles, n'est-ce pas.

— La constellation de la Chevelure de Bérénice est composée d'étoiles fixes, et quelle que soit la clarté du ciel, on ne peut s'empêcher de voir cette constellation évocatrice comme étant la chevelure de la Vierge. Mais même si on ne le voit guère, de nombreuses galaxies y sont rassemblées.

— En somme, c'est une fenêtre vers les galaxies ? demanda Yulij

— Oui.

— Tu t'y connais », avoua Yulij, en lui lançant ce compliment inattendu.

Mei demeura cependant stoïque.


« Je me fais du souci pour Seiya et ses amis qui se sont lancés sur la piste de Typhon. Tous les Saints capable de bouger sont partis en mission, et il ne reste plus que les blessées au Sanctuaire.

— En effet, murmura Yulij.

— Et concernant Typhon..., murmura Mei en regardant les étoiles.

— Il est différent des dieux olympiens qui se sont mis à convoiter la Terre suite à la tentative initiale de Poséidon. À vrai dire... je ne comprends pas trop quel est son objectif, continua le jeune homme.

— Les Géants ne chercheraient pas à contrôler la Terre ?

— Eux, en effet, ne visent pas la domination du monde, mais en revanche, je ne sais quelle peut être la Volonté de Typhon. »


Yulij garda le silence.


« Typhon est-il le dieu protecteur des Géants, tout comme Athéna est la déesse qui veille sur les humains ? Je ne le pense pas. Ces Géants lui sont soumis au travers de la Peur qui émane de lui. Il sont pareils à des esclaves. Athéna l'a dit: Typhon se contente juste de répandre sauvagement la peur autour de lui, tel un ouragan déchaîné. Un dieu pourvu d'une Volonté Divine aussi maléfique ne sera satisfait que lorsqu'il aura tout détruit sur Terre et qu'il ne restera que lui seul. Tout sera réduit en ruines.

— Es-tu entré en contact avec la Volonté Divine de Typhon lorsqu'il avait fait de toi sa marionnette ? » demanda Yulij.


Mei ne répondit pas.


« Tu ne souhaites probablement pas t'en rappeler, mais je voudrais malgré tout savoir.

— C'est pour cette raison que Nicol m'a dit de venir ici », dit Mei en baissant la tête.


Yulij lui prit la main.

« Allons à la bibliothèque, nous en discuterons là-bas. »

Chapitre 1.3

Mer Noire.

Côte nord de la Mer Noire, dans la région d'Ukraine autrefois nommée Scythia.

« Et rien ici non plus. »

Les murs de la caverne bloquaient le chemin de Hyôga, dont l'abondante chevelure blonde soyeuse dépassait du diadème d'un blanc pur orné d'ailes de cygne qu'il portait. Hyôga savait ce que signifiait cette lueur.


« La caverne est emplie de cet éclat. On dirait bien que c'est encore un sanctuaire de ces Géants. »

Seules les ruines d'un autel de pierre subsistaient en cette grotte dissimulée dans les entrailles de la Terre.


« Mais je ressens encore la trace de Typhon. »


Il se passa le pouce sous le nez. Hyôga comptait ainsi se fier à l'odeur du Cosmos pour déterminer ce que signifiait ce sentiment de malaise.


« Je ressens encore les traces de la Volonté de ce dieu maléfique, comme si elle avait été brûlée sur ces parois. Typhon est certainement venu en ce lieu. Mais dans quel but ? Pour ces ruines en forme d'autel ? »


Comme il ne restait guère d'indices pouvant permettre d'émettre une hypothèse, Hyōga quitta la caverne.

Chapitre 1.4

Bibliothèque.

« "Prison de Stase" », dit Mei alors que Yulij lui tendait une chronique dans la bibliothèque du Sanctuaire.

— Cela me préoccupe, Typhon en avait fait mention alors qu'il avait dérobé mon corps et fait de moi sa marionnette.

— Il te parlait ?

— Me donnait des ordres. Il m'a fait libérer les Géants afin de préparer sa résurrection.

— Tu avais subi un lavage de cerveau ? Ou bien, Typhon te possédait— il ?

— J'ai l'impression que c'était les deux.

— Qu'est-ce qui te fais penser ça ?

— Ce serait difficile à expliquer...

Contrairement à son habitude, Mei détourna les yeux vers le sol avant de commencer à parler.


« Dis-moi ce que tu sais. Même tes frères n'ont rien remarqué d'inhabituel par rapport au Mei qu'ils connaissaient. Ils n'ont pas senti la présence de Typhon, tout a été exécuté à la perfection, dit Yulij d'un ton doux, mais cependant déterminée à obtenir des réponses.

— La dernière épreuve que mon maître m'a ordonné de passer afin de devenir Saint consistait à me rendre dans les cavernes situées sous l'Etna. Et c'est dans l'autel sacré qui s'y trouvait que je suis entré en contact avec la Volonté de Typhon.

— Ha, je vois.

— Moi, Mei, existait bien en tant que Saint d'Athéna.

— Alors pourquoi l'avoir trahie ?

— J'ai été oppressé par sa "Terreur". Typhon m'a soumis à lui par cette peur et m'a forcé à croire que ses ordres représentaient la Justice, que c'était ce que je devais faire. C'est pour ça qu'en dépit de mes retrouvailles avec Saori... avec Athéna et mes frères, j'ai malgré tout pu les trahir sans la moindre hésitation.

— Un contrôle mental, n'est-ce pas ?

— Parfois, la Volonté de Typhon s'engouffrait directement dans mon corps, et s'en emparait totalement, le contrôlait à sa guise. Je revois d'horribles souvenirs épars de ces moments.

— Comme lorsque tu as brisé mon masque ?

— Oui.

— Typhon t'as forcé à agir ainsi

— Je craignais plus que tout de contrarier Typhon et d'être alors touché par sa Terreur.

— Les Géants se trouvaient-ils dans le même cas ?

— Oui, je peux comprendre la nature de leur foi. C'est un contrôle mental absolu qui peut pousser les gens à se sacrifier sans retenue.

— Et sais-tu ce que sont les "Prisons de Stase" ?

— Les Prisons de Stase ? Ce sont les endroits où Typhon a scellé les Géants qui étaient encore en vie au terme de la Gigantomachie.

— Pardon ?

— Typhon est un dieu immortel, mais il n'en est pas de même pour les autres Géants, qui en principe possèdent eux des limites à leurs vies tous comme les êtres humains. La seule manière de permettre aux Géants de renaître avec leurs corps des éons après la Gigantomachie était donc de stopper le temps.

— Un rituel divin. »


Yulij prit une inspiration tandis que son crayon continuait de courir sur le papier.


« Ça peut sembler difficile à croire, mais c'est la vérité. Lorsque Typhon contrôlait mon corps, il a rompu les sceaux emprisonnant les Géants les uns après les autres pour les ressusciter : Agrios, Thoas, Pallas et Encélade.

— D'autres Géants ont-ils été ressuscités ?

— Pour autant que je m'en souvienne, il n'y avait que ces quatre-là.

— Mais c'est étrange. Selon les chroniques présentes au Sanctuaire, Typhon et ses Géants ont tous été scellés par Athéna.

— Ah bon ?

— Pour autant que j'en sache, il ne reste que très peu de pages décrivant la Gigantomachie, mais c'est la version que relaient tous les mythes et légendes.


— Mais je me demande pourquoi un dieu immortel tel que Typhon avait besoin de sceller les Géants afin de les garder en vie.

En dessous de ce masque semblable à un visage larmoyant, Yulij avait sans aucun doute l'air perplexe.

« Les chroniques du Sanctuaire sont-elles fiables ? demanda Yulij.

— On dit souvent que les faits établis et la vérité sont deux choses différentes, mais il en est de même pour la vérité et la vérité historique. Compiler l'histoire officielle d'une époque a toujours été une tache ardue, continua Mei.

— Les justifications des vainqueurs sont mises en valeur tandis que celles des perdants deviennent des détails, c'est ce que tu veux dire ?

— Par exemple, il va également être difficile de savoir de quelle manière compiler la version officielle de "la rébellion de Saga", fit remarquer Mei.


Assassinat du Pope.

— Les Saints des générations futures apprendront probablement que le Saint des Gémeaux a succombé au mal et a alors assassiné le Pope, supposa Yulij.

— Mais ça ne sera pas l'exacte vérité, dit Mei.

— J'ai entendu dire par l'évêque que Saga, l'imposteur qui avait usurpé la place du Pope, possédait à la fois le visage de la justice et celui du mal.

— Saga n'était pas le mal absolu. Mais il a tenté d'assassiner Athéna et a causé la mort de nombreux Saints à cause du conflit interne provoqué. Ce crime sera toujours un crime. Mais je pense qu'aux yeux de l'histoire officielle, seul ce crime restera, et que ses bonnes actions seront occultées. On dépeindra probablement une victoire parfaite d'Athéna brandissant une justice inébranlable en tant qu'étincelante et légitime protectrice de la Terre.

— Tu prononces de dangereuses paroles avec une telle nonchalance ! lança Yulij, choquée.

— Hein ?

— Si Nicol t'entendait, il te révoquerait peut— être de ton titre de Saint.

— Pourrais-tu garder ça secret ? Je ne voudrais pas être consigné comme étant le Saint qui a été révoqué le plus rapidement de l'histoire.

— Je ne consignerai pas ce que tu as dis.

— Merci, répondit Mei en riant.

— Ce qui compte dans les chroniques officielles du Sanctuaire sont les Guerres Saintes ainsi que les victoires. Ce sont de telles histoires qui donneront du courage aux Saints des générations futures. Avoir un verset lyrique parlant des souffrances de Saints torturés entre le bien et le mal, ou d'adversaires qui inspirent la pitié, n'est pas nécessaire. Ce genre de choses ne ferait que semer le trouble dans l'esprit des lecteurs.

— Athéna est la justice.

— En effet.

— "Si tu doutes de ceci, tu ne pourras rien accomplir en tant que Saint. Tu ne pourras rien protéger.",c'est ça ?

— Oui.

— Au fait, ton visage, dit Mei en changeant de sujet.

— Hein ?

— Discuter avec une femme dont on ne peut voir l'expression est encore plus effrayant qu'être confronté à Typhon, dit Mei en relevant la tête.

— Et que dois-je comprendre ton expression fleur bleue qui n'a rien de celle d'un Saint ?

— Pourquoi "Yulij" ?

— Comment ?

— Eh bien, c'est un prénom d'homme...

Fanart de Yulij par Yami99

— Oui mais après tout, ce n'est pas mon véritable nom. Il est préférable pour les Saints de couper leurs liens personnels avec le monde extérieur. Nous n'avons pas besoin de noms de famille, ni même du prénom que celle-ci nous a donné. Certes, toi, Seiya, Hyôga ou bien encore Shun utilisez vos véritables noms cependant... Je ne peux pas vérifier pour tout le monde, mais je pense que rares sont les Saints qui utilisent les prénoms donnés par leurs familles

— Nous sommes tous frères, nés du même père.

— Ah bon ?

— Mais notre père ne nous a pas officiellement reconnus. Nous avons été élevés comme des orphelins. Dès le début de notre vie, il ne ne nous restait plus rien à perdre. "Mei" n'est que Mei, "Seiya" est Seiya, "Shun" est Shun, "Hyōga" est Hyōga. Si je jetais également le nom de "Mei"... Ce serait comme si je disparaissais.

— Vous êtes vraiment les fils des étoiles, hein ?

— Et donc, pourquoi un nom d'homme ? insista Mei.

— Par conviction.

— Tu fais allusion à l'obligation que les femmes Saint ont de jeter leur féminité ?

— Oui.

— C'est si anachronique.

— Te voilà à nouveau insolent.

— Est-ce que ton véritable prénom est Yuria (Julia) ?

— On va faire donnant-donnant. Ça veut dire quoi cette couleur de cheveux ? dit Yulij en regardant les cheveux argentés de Mei avec un air réprobateur.

— Pas mal,non ?

— Les racines tournent au noir.

— Contrairement aux tiens, c'est une coloration, expliqua le jeune homme.

— Comme ces couleurs désordonnées manquent de sérieux, rase-toi vite le crâne tel un moine, rétorqua Yulij.

— Mais c'est une marque de respect envers mon maître.

— Bon, trêves de bavardages. »


Yulij ressembla les livres éparpillés sur la table puis disparut dans le fond de la bibliothèque.


« Yulij, hein ? » soupira Mei une fois tout seul.

« Mais dans la langue japonaise, ce serait un prénom très féminin », se dit-il.

Chapitre 1.5

Palais du Pope.

« Il n'y a pas non plus d'écrits relatifs à la Gigantomachie au Sanctuaire. Les chroniques officielles ne mentionnent même pas une ligne à ce sujet, dit Nicol à Athéna, assise sur son trône dans le palais du Pope.

— C'est parce que la Gigantomachie n'est pas une Guerre Sainte, n'est-ce pas ?

— En effet. Mais l'Etna mis à part, d'autres lieux indubitablement liés à Typhon ont pu être trouvés.

— Vous voulez dire que vous avez sélectionné dans les mythes et poèmes épiques les lieux en rapport avec Typhon et à sa famille, et y avez envoyé les Saints ?

— Les légendes dissimulent souvent un fond de vérité.

— Hmm.

— La vérité, c'est que nous n'avons aucune autre source sur laquelle nous appuyer, expliqua l'évêque.

— Le temps joue contre nous dans cette bataille.

— Vous avez en effet raison, Athéna. Chaque heure qui passe permet à Typhon de recouvrer une plus grande partie de ses véritables pouvoirs. Notre adversaire devient de plus en plus dangereux. Découvrir son repaire aussi vite que possible est la priorité.

— Mais il ne va rester personne pour défendre le Sanctuaire, non ? intervint Tatsumi.

— C'est pourquoi j'ai fait appeler une certaine personne. Kiki est parti l'avertir au pic des 5 anciens.

— Nicol ! Vous n'avez pas... ! commença à s'exclamer Athéna.

— Je lui ai également demandé d'accomplir son devoir de Saint », dit Nicol qui, en dépit du grand respect qu'il affichait envers Athéna, ne comptait pas revenir sur cette décision.



Maisons du Zodiaque.

Zone des 12 Maisons du Zodiaque.


Ce lieu était la colonne vertébrale du Sanctuaire. Les Maisons du Zodiaque telles que celle du Bélier, du Taureau ou des Gémeaux, se succédaient, traversées par une route menant jusqu'au sommet, où se trouvait Athéna.


« C'est donc ici que la bataille du Sanctuaire a pris place ? » se demanda Mei.


Il avait quitté la bibliothèque située près de la grande place, au pied du Sanctuaire, et grimpait maintenant l'escalier traversant les Douze Maisons du Zodiaque.

Même les gens doués de pouvoirs psychokinésiques ne pouvaient avoir recours à la téléportation afin de franchir les Douze Maisons du Zodiaque, baignées de la protection d'anciennes étoiles. Monter les escaliers à la force de ses propres jambes était une obligation. Seiya, Shun ou encore bien Hyôga, Bronze Saints frères de Mei, s'étaient rangés au côtés d'Athéna et avaient mené de nombreux combats afin de défaire le mal tapis dans le Sanctuaire. Les détails de la "Rébellion de Saga" seront laissés à l'Histoire officielle, mais la partie pendant laquelle les Bronze Saints ont combattu les Gold Saints porte cependant le nom de "Bataille des 12 Maisons".


« Des Saints contraints à s'entre-tuer. Quelle tragédie », se dit Mei, en repensant à cette bataille qui avait coûté la vie à tant de Saints.


Le hasard avait voulu que Mei soit possédé par Typhon dans l'Etna peu de temps avant la bataille des 12 Maisons, et il n'avait donc pas été impliqué dans ces combats tragiques.

Il quitta la Maison des Gémeaux, celle qui était supposée être défendue par Saga, l'homme au coeur de la bataille passée, et continua à grimper les marches en cette nuit paisible.

Mei finit par atteindre la quatrième Maison du Zodiaque.


« Voici donc la Maison du Cancer ? » murmura Mei.


Mais le gardien supposé défendre ce temple n'y était plus. Ce temple baigné d'un fin éclat galactique était aussi paisible que d'antiques ruines. Mei se contenta juste de rester assis là en silence. Il se retourna alors en entendant derrière lui les bruits de pas de quelqu'un en train de grimper les marches. Un nouvel arrivant se présenta devant la Maison du Cancer.


« Shiryū ? »


Il n'avait pas revu depuis bien longtemps le Saint qui venait d'arriver, mais se souvint immédiatement de son nom.


« Mais oui, ce doit être toi, Shiryū, dit-il souriant.

— Qui est-ce ? Ce Cosmos...

— C'est moi, Mei.

— Mei, c'est vraiment toi ? dit Shiryû, un des frères cadets de Mei, avec une franche surprise.

— Je vois. Ton lieu d'entraînement était la Chine, au pic des 5 anciens.

— En effet.

— Alors ceci est certainement la très fameuse Cloth du Dragon, polie par la grande cascade de Rozan ? »


La constellation protectrice de Shiryū était effectivement celle du Dragon. Sa Cloth d'orichalque ressemblait à une armure comportant de lourdes écailles, et renvoyait une grande impression de puissance.

Sur le bras gauche de la Cloth se trouvait un bouclier rond solidement fixé, le très fameux bouclier du Dragon. Cependant, celui qui portait cette lourde Cloth, Shiryû, était un jeune et beau garçon à l'aspect noble, qui contrastait fortement avec l'allure guerrière de son armure. Et il était également très svelte. Son imposante chevelure noire descendant jusqu'à ses hanches complétait parfaitement le tableau. S'il les avait attachés, il aurait eu l'air d'un viril et noble jeune guerrier.


« Tu dois déjà être au courant de la situation ? demanda Mei

— Je suis au courant. Je suis venu protéger le Sanctuaire sur appel du substitut du Pope.

— Par contre j'ignorais pour tes yeux, fit remarquer Mei en regardant Shiryû, dont les deux paupières étaient closes.

— Mes yeux...

— Depuis quand ?

— Lors d'un combat, lui répondit Shiryū.

— Je vois, dit Mei qui ignorait encore beaucoup de choses.

— Vous avez constamment été forcés de vous battre on dirait, continua-t-il.

— Tel est le devoir des Saints », dit Shiryū en marchant côte à côte avec Mei.

Shiryū du Dragon.

Avoir perdu la vue n'était guère un handicap pour un Saint ayant développé un Cosmos lui permettant d'atteindre le Septième Sens. Il serait difficile d'expliquer par des mots ce que peut réaliser la puissance du Cosmos, mais grâce à ça, Shiryû pouvait ressentir la présence des autres personnes, même s'il ne pouvait vraiment les voir. Il n'avait pas non plus besoin d'aide pour monter des escaliers.


« Que faisais-tu ici, Mei ?

— Pardon ?

— Même si je suis incapable de voir, je peux dans une moindre mesure percevoir les sentiments des autres. Mei, n'étais-tu pas plongé dans une profonde tristesse en ce lieu ? »


Mais Mei resta silencieux.


« Non, oublie ça. Ça ne me regarde pas.

— Je parlais avec mon maître. »

Ainsi que Shiryû pouvait le percevoir, Mei souriait. Ce dernier prit une inspiration pour se laisser emplir de l'air pur du Sanctuaire, et leva les yeux vers le ciel.


« Ma terre d'entraînement était la Sicile », avoua Mei aux étoiles. « Mon maître était le protecteur de ce temple, le Gold Saint du Cancer. »


Du chaos originel étaient issus la Terre et le Ciel, qui avaient engendré les constellations, et la course de celles-ci venaient de donner naissance à un moment particulier, le jeu d'une tragédie unissant deux personnes, ou plutôt, les séparant.


« Le Saint du Cancer était ton maître ? demanda Shiryû

— J'étais juste en train de discuter avec mon maître qui a rejoint les étoiles », dit Mei en riant.


Par contraste, Shiryû avait pris un air grave et ne savait quoi dire.



Chapitre 1.6

Asie Mineure, sur une presqu'île à la frontière ouest de l'Asie, entre la Mer Égée, la Mer Noire et la Mer Méditerranée. De son autre nom, l'Anatolie.

De nos jours, cette région est en général appelée "République turque", mais dans l'antiquité elle faisait partie des jardins de Grèce.


La nuit tombée, par une lune floue.


« Quel étrange endroit », murmura Shun, jeune homme aux cheveux châtains qui se déplaçait en sautant de rocher en rocher.

La Cloth qu'il portait, celle d'Andromède, était munie de chaînes qui brillaient d'un fin éclat, comme si elles cristallisaient les rayons de la lune.


Anatolie, Cappadoce. Cheminées de fées.

Il finit par atteindre un immense canyon desséché rempli par une forêt. Cependant, cette forêt n'était pas constituées d'arbres, mais de rochers. Ces rochers aux formes singulières éclairés par la lumière de la lune se dressaient en un amas dense.


Des centaines, voire des milliers de rocs mesurant de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres de haut se trouvaient là, semblables en apparence à des champignons à large chapeau ou bien encore à des cheminées de fées, qui leur conféraient un aspect fantastique. Ce paysage semblait irréel.


Les les multiples éruptions volcaniques du passé avaient laissé une importante couche de cendres et de magma dans cette région. L'autrefois tendre tuf volcanique, à la longue des siècles écoulés, ainsi que de l'érosion du vent et de la pluie, avait fini par prendre la forme de solides piliers surmontés de chapeaux pointus.

Shun, Bronze Saint d'Andromède, se tenait au pied d'un volcan d'Anatolie, conformément aux ordres qu'il avait reçu de Nicol, substitut du Pope.


« Serait-ce l'antre de Typhonus ? Nicol a dit que "Beaucoup de vérites sont dissimulées dans la mythologie". La piste sur ce lieu provient d'un poème épique, d'une simple histoire mais... En l'absence d'actions apparentes des Géants, nous ne pouvons nous en remettre qu'à ce qui est décrit dans ce genre de récits », dit Shun, près du volcan d'Arima vers lequel on l'avait envoyé.


« Il nous reste encore un peu de temps avant que Typhon, ressuscité, ne retrouve tous ses pouvoirs mais... Plus le temps passe et plus il se renforce. C'est pourquoi Nicol insiste tant sur la nécessité de retrouver Typhon au plus vite. »


Hyôga, ou bien encore Seiya, qui n'était pas encore totalement rétabli, avaient eux aussi été envoyés sur les traces de Typhon. Les Saints aux quatre coins du monde et les espions du Sanctuaire avaient pour mission de réunir autant d'informations que possible sur les Géants, sans prendre le moins repos.


« Si jamais Typhon, ce dieu maléfique, récupère suffisamment de pouvoirs pour faire entrer n'importe quel volcan en éruption à sa guise, alors... »


Une mince fumée blanche s'élevait hors du volcan d'Arima. Mais cet endroit n'était pas un cas unique. Depuis l'éruption sans précédent de l'Etna, les volcans du monde entier présentaient d'inquiétants signes de regain d'activité.

Plusieurs scientifiques prédisaient que de telles éruptions pourraient provoquer une nouvelle ère glaciaire, ou bien encore une extinction de masse comme celle des dinosaures il y a plusieurs millions d'années. En somme, la fin du monde. Des prophètes de mauvaise augure appelant à la fin de temps étaient aussi apparus.


« Si jamais Typhon récupère ses véritables pouvoirs et provoque encore une ou deux éruptions massives, qu'adviendra-t-il de ce monde ? La Terre et la civilisation humaine seraient annihilées. Non ! Je ne laisserai pas une telle chose se produire ! Pas tant que les Saints et Athéna seront là ! » dit Shun en croisant ses bras.


La chaîne d'Andromède, réputée former une défense inviolable, tomba de ses deux bras afin de se déployer sur le sol en formant une structure semblable à un nuage galactique.

Le vent souffla. Shun ressentit un Cosmos et une respiration.


« Qui est-ce ? »


Quelqu'un traquait Shun au sein de cette forêt de pierres irréelles. Cette chaîne capable de percevoir des menaces invisibles se tendit sur le bras de Shun, prête à attaquer.


« Que se passe-t-il ? »


Une présence ennemie se fit sentir. Shun aiguisa sa perception telle une épée. L'intention meurtrière était semblable à celle d'un tigre ou d'un loup guettant sa proie.

« Par là ? »


Chaîne nébulaire.

Il lança la chaîne triangulaire de son bras droit. La pointe située à l'extrémité de la chaîné décrit un arc telle un boomerang afin de viser quelque chose tapi dans l'ombre d'un pilier de pierre.


« Un Géant ? »


Seul le silence lui répondit. Lors du combat en Sicile, Agrios "la force brute", Thoas "le coup de tonnerre", et Encélade "le cri de guerre", s'étaient eux-même offerts en sacrifice à Typhon.


« Mais ce Cosmos n'est pourtant pas celui de ce Pallas aux griffes de métal », pensa Shun.

— Y aurait-il d'autres Géants en vie ? Typhon aurait-il ressuscité d'autres Géants suite à l'éruption de l'Etna ? »


Shun ressentit un frisson. Il avait l'impression qu'on utilisait une lame pour l'écorcher là où sa peau était la plus sensible.


« Ils sont deux... non... trois ? » pensa-t-il.


Le chasseur était devenu la bête chassée, encerclée. La vie de Shun était en danger.


« Typhon serait donc ici ? »


La présence de trois Géants suffisait à en arriver à une telle conclusion. Shun avait malheureusement eu raison : trois silhouettes s'extirpèrent de la forêt rocheuse sous la lumière de la lune, et fondirent simultanément sur lui de trois directions différentes.

Ces Géants étaient des bêtes maléfiques ou bien encore des monstres. Des ennemis. Ceux-ci portaient des Adamas d'une forme et d'un sombre éclat que Shun n'avait encore jamais vus.

La chaîne ronde poussa un grincement strident sous la pression de ces Cosmos agressifs désormais relâchés.

Shun, qui ne pouvait endurer plus longtemps l'assaut, ramena sa chaîne triangulaire vers lui dans un ultime mouvement avant de la projeter vers les cieux. La chaîne nébulaire s'évanouit dans les cieux en laissant retomber des fragments étincelants de Stardust Sand.

« Athéna ! »

La silhouette de Shun disparut sous celles des trois Adamas, telle une proie dévorée par ses chasseurs.


Chapitre 1.7

Shiryû et Shunrei.

« Nicol, pourquoi avez-vous également fait appeler Shiryû ? demanda Athéna d'une voix claire tout en le regardant droit dans les yeux.

— Face à une telle crise, n'est-il pas normal de rassembler au Sanctuaire les Saints disponibles ?

— Nicol, vous savez pourtant que...

— Shiryû est aveugle ?

— Il avait enfin eu l'occasion de retourner au pic des cinq anciens afin de commencer à y mener une vie paisible.

— En effet, en compagnie d'une jeune fille nommée Shunrei, si je ne me trompe. C'est la fille adoptive du sage des Cinq Pics, n'est-ce pas ?

— Je lui avais pourtant donné la chance de s'éloigner des combats afin de profiter d'une vie normale, à cultiver les champs en compagnie de celle avec qui il partage ses sentiments.

— Vous ne considérez donc plus Shiryû comme un de vos guerriers, ô Athéna ?

— Il a déjà été tant blessé au cours de ses combats ! À cause de mon inexpérience, Shiryû a fini par perdre sa lumière. Et voilà qu'il va à nouveau se retrouver jeté sur le champ de bataille ! Qu'est-ce qui va lui être pris cette fois ? » dit Athéna, ou plutôt Saori, en exprimant ce qu'elle avait sur le coeur.


Nicol lui répondit après avoir marqué une pause.


« Mais Shiryû n'a pas rendu sa Cloth. Alors, n'est-ce pas dans un sens le désir de Shiryû, ô Athéna ?

— Eh bien...

— Je ne connais pas d'homme aussi sincère, sérieux à la tâche et fidèle que lui. Il possède une droiture, un courage et une bienveillance que n'importe quel homme lui envierait, et j'aimerais moi-même pouvoir être quelqu'un qui puisse être un tel pivot que lui parmi ses compagnons.

Saori resta l'écouter en silence.

— C'est vrai, certaines personnes peuvent aussi mener une vie paisible pour le bonheur d'une femme. Mais le destin tracé par les étoiles ne permet pas une telle chose à Shiryû, et surtout, il ne se le permet pas à lui-même. C'est le genre d'homme qu'il est. Jusqu'à avoir entièrement accompli la destinée tracée par ses étoiles, il sera Shiryû, Saint du Dragon.

— Mais Shunrei sera si triste.

— En effet, ce sera douloureux pour elle.

— C'est si...

— Vous êtes la protectrice de la paix et de l'amour sur Terre. Si vous hésitez ainsi, le doute naîtra dans le coeur des Saints qui combattent pour vous.

— Je dois donc suivre la Volonté d'Athéna, c'est ça ?

— Votre âme est à la fois celle d'Athéna et d'une jeune fille humaine nommée Saori Kido. Que ce soit en tant que déesse ou humaine, vous portez sur vos épaules un difficile destinée. Et vos souffrances ne feront qu'augmenter. »


Saori resta silencieuse.


« Et même si le destin en est coupable, acceptez-le. Vous avez peut-être pris la lumière de Shiryû. Mais, même s'il vient à perdre un bras, une jambe, celle qu'il aime, ou bien sa propre vie... Shiryû gardera une détermination le poussant à se sacrifier pour vous. Acceptez-donc sa volonté.

— Mais entre Mei et Shiryû...

— Une profond lien les unit, mais ceci n'est encore que le destin. Tant qu'ils seront Saints, il ne pourront y échapper. C'est une histoire qu'ils doivent surmonter ensemble.

— Nicol.

— Ils devraient y parvenir. Car ce sont tous les deux de véritables Saints. Je vous en prie, faites leur confiance.

— Merci, vos paroles m'ont rassurée.

— Vos remerciements seront plutôt pour tous les Saints une fois ce conflit terminé, dit Nicol en prosternant avec un grand respect.

Palais du Pope.

Soudain un bruit strident et une déflagration se firent entendre. Tatsumi, qui se faisait discret dans le Palais du Pope, se jeta au sol tel une tortue sous le coup de la surprise.

« Athéna !

— Je vais bien. »

Dès qu'il avait entendu le bruit, Nicol avait accouru vers le trône afin d'utiliser sa Cloth et son corps comme bouclier pour protéger Athéna.


« Quelque chose vient de rompre les dimensions !

— C'est... »


Athéna se leva et courut vers l'autre extrémité du tapis qui couvrait l'allée centrale du Palais du Pope, suivie de près par Nicol.


« C'est la chaîne d'Andromède ! »


Cependant, la chaîne qui avait déchiré les dimensions était tranchée. Athéna se mit à genoux afin de ramasser le tronçon de chaîne qui gisait sur le sol.


« Serait-il arrivé malheur à Shun ?

— Shun a été envoyé vers le volcan d'Arima en Anatolie.

— Typhon se trouverait donc là-bas ?

— Je l'ignore. »


Mais ils comprenaient cependant que Shun était en danger. Il était évident que cette chaîne inter-dimensionnelle avait été envoyée en tant qu'ultime message. Athéna se releva brusquement en tenant la chaîne dans sa main.


« Que se passe-t-il, mademoiselle ? demanda Tatsumi.

— Ce Cosmos, c'est... », commença Athéna.


Nicol avait aussi ressenti ce Cosmos, et tous deux se tenaient alertes.



Une étoile traversa la voûte céleste brumeuse en laissant une traînée argentée dans son sillage.


« Comment ? Un intrus vient de pénétrer dans le Sanctuaire, et quel agressif Cosmos ! » dit Shiryû en se retournant vers l'aval des Douze Maisons.


Bibliothèque dévastée.

Il remarqua alors que Mei, qui semblait avoir compris de quoi il s'agissait, était déjà en train de dévaler les escaliers sans l'attendre. Il traversa la Maison des Gémeaux, puis celle du Taureau, celle du Bélier, et arriva enfin vers la place où se trouvait la bibliothèque qu'il avait quitté il y a peu. Mei ouvrit en hâte les portes et pénétra à l'intérieur.

Le spectacle qui s'offrit à lui le laissa coi. Le lieu était envahi par un blizzard de papier, des milliers de pages déchirées virevoltaient dans tous les sens. Et cette jeune fille était étendue immobile au milieu de ce lit de pages blanches. Celle qui aurait dû tenir des chroniques gisait désormais parmi leurs pages éparses, sa mort y ayant été écrite de son propre sang.


« Yulij... »


Le himation pourpre qu'elle portait sur son chiton blanc prouvait sa fonction de diacre du Sanctuaire. Un rire se fit alors entendre près des étagères renversées. Le détestable faucheur, vêtu de son Adamas de Cornaline sombre, s'était introduit dans le Sanctuaire.


« Pallas !

— Tiens, mais voilà la poupée de cette Illustre Personne, non ? Athéna a ramassé le réceptacle que nous avons jeté ? » dit Pallas de la Stupidité, en considérant Mei tel un déchet.


Le dieu de la mort se mit alors à piétiner le corps de Yulij.


« Connard !

— Toi aussi tu vas crever. »


Le Géant releva le corps de Yulij par les cheveux et agita ses griffes de métal. La mort pouvait survenir à tout moment lors des combats menés par les Saints. Cette force née de la destruction des atomes signifiait que la victoire ou la défait pouvait être décidée en l'espace d'un instant. Tel était leur cruel destin. Et ce genre d'issue était inévitable pour une personne surprise à nu, sans sa Cloth, par un Géant paré de son Adamas, un ennemi en mesure de rivaliser avec les Saints.

La protection accordée par les étoiles de Yulij avait touché à sa fin, tout simplement.


« Pallas, ordure ! » cria Mei.


Pour Mei, une irremplaçable camarade défendant Athéna à ses côtés venait de mourir. Avec un peu de retard, Shiryû pénétra à son tour dans la bibliothèque.


« Ki hi hi ! Un autre gosse de Bronze ! ricana le Géant.

— Ce Cosmos maléfique... Un ennemi ? Un de ces Géants ?

— Recule, Shiryû.

— Si ce sont mes yeux qui t'inquiètent, sache que tout soucis est inutile, Mei. Shiryû du Dragon ne compte pas battre en retraite !

— Ce n'est pas ça ! déclara Mei.

— C'est mon ennemi, mon ennemi ! continua-t-il.

— Ki hi hi, toi, affronter Pallas de la Stupidité ? ricana le Géant.

— Je suis celui qui a rompu ton sceau... c'est à moi d'en finir avec ce que j'ai provoqué.

— Quel dommage pour toi alors ! Ki hi hi ! La gamine qui devait vous aider est morte sans rien pouvoir faire. Je lui ai tranché la gorge avec mes griffes. Je lui ai tranché ses longs cheveux, et arraché son masque. Quelle extase ! Une vraie comédie ! »


Il sorti la main qu'il gardait dans son dos afin d'exhiber le masque qu'il tenait.


« Silence, démon ! Je ne te laisserai pas profaner plus longtemps ce lieu saint avec tes paroles impies ! le menaça Shiryû.

— J'espère que vous détaillerez avec soin mes exploits dans vos chroniques minables ! »


Pallas jeta le masque de Yulij à la verticale, puis le fendit en deux au vol avec ses griffes. Les deux morceaux du masque retombèrent bruyamment au sol en continuant à vaciller. Mei reprit enfin la parole devant ce triste spectacle.


« Parce que tu crois que ton nom sera laissé quelque part ?

— Ki hi hi ! Ouais t'as raison. Après tout, je vais massacrer tous les Saints, donc y'aura personne pour écrire ça !

— Tu m'as mal compris, répondit Mei, qui entendait le destin de son étoile l'appeler.

— Hein ?

— C'est une "Gigantomachie". "Une guerre dépourvue de sens qui ne restera pas dans l'histoire". »


Soudain, une Cloth Box apparut, à la surprise de Pallas.


« Cette Cloth aurait répondu à l'appel du Cosmos de Mei ? » s'exclama Shiryû.


Cloth Box.

Noire. Une boîte entièrement noire. L'image de cette boîte noire frappée d'un relief de femme s'imprima dans l'esprit de Shiryû en dépit de sa cécité. Le couvercle s'ouvrit, mais nulle lumière ne sortit de cette boîte. En revanche, une ombre qui avait emmagasiné la lumière y était présente.

Un magnifique objet qui avait la forme d'une femme de dos, chevelure en évidence se trouvait là. C'était une Cloth, la preuve qu'une personne faisait partie des Saints, un héritage transmis depuis les temps mythologiques entre ceux qui la portaient pour défendre la Terre grâce à son incroyable puissance.


« Alors voici ma Cloth, la Cloth de la Chevelure de Bérénice ? »


L'armure correspondant à cette constellation sans étoiles se mit à danser, et Mei ressentit ses pulsations dans sa chair. C'était la première fois que Mei décidait en son âme et conscience de revêtir cette Cloth correspondant à sa constellation protectrice, qui était déjà venue le défendre dans l'Etna.


Casque. Épaulettes. Plastron. Bras. Ceinture. Jambières.


La statue de femme s'était séparée en morceaux qui avaient recouvert le corps de Mei après de complexes transformations. Les Cloths des Saints choisis par leurs constellations protectrices les protégeaient de leur propre volonté.

Mei regarda avec admiration cette Cloth scellée depuis des temps antiques. Le plus frappant dans son apparence était les deux grands "boucliers" noirs qui servaient d'épaulettes, semblables aux ailes repliées d'un corbeau. Elles semblaient solidaires des avant-bras, sans toutefois gêner les mouvements grâce à un complexe système d'articulations. La couronne protégeant la tête ressemblait à des ornements pour les cheveux.

En contraste, le plastron, la ceinture et les jambières semblaient bien plus légers et minces que les parties couvrant les bras et les épaules. en fait, les jambes n'étaient protégées que par deux genouillères. L'ensemble de l'armure portée suggérait la forme féminine dont elle était issue, d'une silhouette douce et curviligne. Et entièrement noire.


« Voici donc ta Cloth, Mei ! » s'écria Shiryû en voyant cette Cloth semblable à une sombre nébuleuse galactique qui aurait été arrachée au cosmos.


Shiryû sentit le Cosmos de Mei exploser. Même sans ses yeux, il pouvait percevoir la force issue de cette Cloth noire qui semblait absorber la lumière, cette énergie à la base de toute vie, ce Cosmos.

Et un bruit semblable à celui d'une lame siffla dans l'air, comme si une épée invisible venait de le traverser.

Le stupide Géant commença à ricaner, mais s'arrêta soudain, bouche bée.


« Hein ? J'ai eu l'impression que quelque chose venait de traverser mon corps. Que se passe-t-il ? »


Le Géant se mit à vérifier à droite, à gauche, devant, derrière, en haut, en bas, mais ne put trouver ce qui avait provoqué ce malaise.


« Vous répétez bien que nulle raison n'est nécessaire pour les combats entre humains et Géants, n'est-ce pas, vermines ?

— Ki hi ?

— Dans ce cas-là, nulle conversation n'est nécessaire.

— D-de quoi tu parles ? T'es même pas en posture de combat ! » rétorqua Pallas en fronçant les sourcils.

Mei se tenait en effet tout droit, sans posture de combat particulière, les bras ballants.


« Dis-le si tu veux crever ! hurla le Géant en frappant du pied le sol de la bibliothèque, éparpillant de part et d'autres les nombreuses pages arrachées.

— Puppet Claw ! » cria Pallas.


Le Géant lança son anormalement long bras en arrière afin de prendre de l'élan, puis le rabattit en avant en visant la gorge de Mei de ses griffes. Cependant, son coup ne produisit que du vide. Le Géant, abasourdi ne se rendit pas tout de suite compte de ce qui s'était passé.


Au moment où il avait levé son bras griffu, quelque chose s'était envolé, comme une balle perdue. Sa main. Cette main dotée de griffes de métal. Du sang se mit à gicler hors du poignet tranché de Pallas, qui avait encore du mal à croire ce qui lui arrivait.


« Mon bras... mon bras ! hurla le Géant en vacillant, tandis que son sang jaillissait tel une fontaine.

— N'avais-tu donc pas remarqué que ton bras avait été tranché ?

— Q-quand m'as-tu fait ça ? » demanda Pallas en cherchant à s'éloigner d'un bond de Mei, dont il ne comprenait pas l'étrange technique.

Fil d'Orichalque.

Mais Pallas se figea, droit comme un piquet. Il passa lentement sa main gauche à l'arrière de sa nuque, et constata qu'il saignait. Il se mit alors à tâter avec précaution ce qui se trouvait derrière lui de sa griffe restante. Un son semblable à celui d'une corde tendue résonna au contact de ses griffes, et Pallas découvrit avec stupeur qu'il s'agissait d'un fil. De plusieurs fils, car il était en fait cerné par une sorte de cage faite de fils encore plus fins que les cordes d'un piano.


« Il s'agit de fils d'Orichalque, lui expliqua Mei.

— Hein ? Ces fils font partie de ta Cloth ? »

Les Cloths étaient constituées d'un alliage de trois métaux rares : l'antique Orichalque, le Gammanium et le Stardust Sand. Les fils encore plus fins que des cheveux de la Cloth de la Chevelure de Bérénice témoignaient de l'incroyable maîtrise technique de ceux qui avaient créé cette Cloth.


« Chacun de ces fils est semblable à une lame acérée capable de bouger indépendamment des autres. Tout comme tu as perdu ton bras sans t'en rendre compte, tu vas bientôt être décapité sans réaliser ce qui t'arrive. »

Pallas cria, et Mei, d'un léger mouvement du poignet, tendit un fil tranchant qui s'aiguisa et découpa le casque du Géant en morceaux. Le Géant était pris au piège de cet enclos d'orichalque qui lui interdisait la moindre retraite.


« Dis le nom de ma constellation.

— Ki hi ? »


Mei fit jaillir un fil tranchant qui éteignit les lumières de la bibliothèque les unes après les autres, plongeant le lieu dans les ténèbres.


« Hein ? À quoi ça rime ? T'espères profiter de l'obscurité pour t'enfuir ?

— M'enfuir ? lui répondit Mei en se moquant du Géant.

— C'est toi qui est dans l'obligation de fuir, Pallas ! Ces innombrables fils sont mes yeux, mes oreilles, mes bras et mes jambes, car chacun d'entre eux est parcouru par mon Cosmos ! » continua le jeune homme.


Le seul anxieux de la situation était Pallas. Shiryû et Mei n'étaient nullement inquiétés par ces ténèbres.

Un hurlement, celui de Pallas, retentit dans les ténèbres, et quelque chose heurta le sol avec un bruit sourd.


« J'ai mal ! Mon bras ! Ma griffe ! Mes deux bras !

— Dis le nom de ma constellation, redemanda Mei au Géant plongé dans ses souffrances.

— Enfoiré, t'es le Saint de la Chevelure de...

— Je suis Mei de la Chevelure de Bérénice, Saint d'Athéna. »


La scène que jouaient les fils d'orichalque était le reflet d'une sombre intention meurtrière teintée de tristesse.


« Nous sommes en train de jouer la scène de ta mise à mort, Géant. »


Pallas poussa alors un rugissement à s'en déchirer la gorge. Plus que d'essayer d'échapper à sa mort, Pallas voulait fuir la Peur qui l'assaillait.


Fils.

« Tu crois que je vais fuir devant un misérable humain ? Je suis un Géant ! Qui porte une puissante Adamas et sert cette Illustre Personne !

— Finis en miettes, dit Mei en manipulant tous les fils qu'il tenait en main.

— Lost Children ! » lança le jeune homme.


Tout se passa sous le couvert du rideau de ténèbres. Pallas hurla avant d'avaler ses mots, réprimés par le sang qui jaillit abondamment de sa gorge.


« Pourquoi ? » demanda Mei, qui ressentait ses fils, mêlés aux ténèbres, plonger avec voracité dans la chair du Géant. « Pourquoi m'avoir arrêté, Shiryû ? ».


Celui-ci avait en effet stoppé de justesse Mei, qui était sur le point de porter le coup final qui aurait dû décapiter Pallas.


« Tu l'aurais tué si je ne t'avais pas arrêté.

— Oui, j'étais en train de le mettre à mort.

— Mei, même si tu tuais ce Géant, la sombre envie meurtrière que je sens en toi n'en serait pas pour autant rassasiée.

— Il a tué Yulij. Il l'a tuée comme si de rien n'était.

— Quand bien même, les Saints ne sont pas supposés agir ainsi. Ce n'est pas la Volonté d'Athéna.

— Shiryû...

— Quoi qu'il en soit, nous avons aussi des questions à poser à ce Géant », dit Shiryû en dirigeant son regard aveugle, au sein des ténèbres, vers Pallas.


Pallas, qui avait perdu ses deux bras et portait de graves coupures sur l'ensemble du corps, s'agitait frénétiquement tel une crevette vivant dans laquelle on aurait plongé un couteau.


« Où se trouve Typhon, Géant, demanda Shiryû.

— Ki hi hi.

— Qu'est-ce qui t'amuse ?

— Lorsqu'Il aura récupéré tout sa puissance, les Saints et Athéna ne pourront plus rien faire contre lui, dit Pallas tandis que du sang sortait en écume de sa bouche.

— Que veux-tu dire ?

— Même Zeus, le dieu suprême a fui face à la véritable puissance de Cet Être.

— Quel est l'objectif de Typhon ? Et quelle est cette histoire de "véritable puissance" ? Si son but est de dominer le monde, pourquoi provoquer des éruptions à même de ravager la planète ?

— De simples humains... non, même nous autres Géants ne pourrions comprendre Sa Pensée, continua Pallas dont la voix se faisait de plus en plus rauque et inaudible.

— Vous vénérez un tel dieu et lui obéissez ? Pourquoi, Géants ?

— Nous le vénérons, car cette foi se transforme en force.

— Vous vous trompez ! C'est juste un dieu qui vous tient par la peur ! Ce genre de foi ne peut apporter la paix de l'âme !

— Minables Saints. Il vous tuera tous.

— Que...

— Cet Être l'a dit. Il a des fils. Des Géants fils de dieu. Les anciens Géants tels que moi ne sont donc plus nécessaires.

— Comment ?

— Typhon ! » hurla Pallas, comme pour lancer une incantation.


Tornade.

L'Adamas et le corps de Pallas de la Stupidité commencèrent à s'évaporer tandis que celui-ci était plongé en pleine euphorie, et finalement une tornade l'avala.


« Qu'était-ce ? » demanda Shiryû, qui avait ressenti ce qui s'était passé en dépit de sa cécité, et resta le souffle coupé devant la disparition subite du Cosmos de Pallas.


« La "Peur". Celui qui appelle le dieu qu'il vénère par son nom voit sa langue arrachée et ils se retrouve privé de la parole. Celui dont le nom est prononcé par son dieu sombre dans la folie, et des flots de sang jaillissent de ses oreilles. Telles sont leurs croyances.

— Des telles croyances...

— Vous deux ! » lança une nouvelle silhouette.


Les lumières se rallumèrent, exception faite de celles détruites par Mei, et ils purent alors distinguer celui qui venait de pénétrer dans la bibliothèque.

« Evêque.

— Yulij ! » s'écria celui-ci, avec une expression d'horreur à la vue du le scène.


Mei rappela à lui tous les fils d'orichalque dissimulés dans l'ombre, défaisant ainsi la cage qu'il avait bâti autour de Pallas.


« C'est à cause d'un Géant. De ce Pallas de la Stupidité.

— Je vois... »


Même un dirigeant tel que Nicol eut du mal à articuler ses mots face à ce spectacle, celui de Yulij étendue parmi les pages blanches, morte.


« Pallas s'est suicidé en invoquant le nom de Typhon. Désormais, tous les Géants que j'ai délivré doivent avoir péri.

— Un suicide...

— Si les quatre ont été dévorés par la Volonté Divine de Typhon, n'est-ce pas une bonne nouvelle pour nous ? »


Mais Mei, en lui-même se posait une tout autre question. Il trouvait la situation étrange. Il avait en effet su utiliser les fils tranchants de cette Cloth à l'instant même où il l'avait revêtue. C'était comme si la Cloth l'avait aidé à se battre. Il avait eu l'impression d'être guidé par sa Cloth et de n'avoir fait qu'un avec ces fils. Il ne pouvait s'empêcher de trouver cela étrange.


« J'ai des nouvelles en rapport avec Typhon, annonça Nicol.

— Qu'avez-vous découvert ? demanda Mei en relevant la tête.

— C'est au sujet de Shun », annonça l'évêque d'un air grave.


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  • Ces traductions sont réalisées par Archange à partir des livres japonais. MERCI DE NE PAS LES RECOPIER SUR VOTRE SITE.


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