Interviews/June 34 Masami Kurumada

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JUNE 34


  • Prémière partie d'une interview de Masami Kurumada, publiée dans le JUNE numéro 34 sorti en mai 1987 (magazine yaoi). La seconde partie a été publiée en Juillet 1987 dans le JUNE 35. Les mentions faites durant l'interview et un dédicace de Masami Kurumada semblent indiquer que l'interview a été réalisée durant la dernière semaine de février. Le manga en était alors à l'arrivée d'Aiolia face à Seiya convalescent, et le one-shot "SHAKA" (recontre entre Ikki et Shaka, réinsérée ensuite plus tôt chronologiquement en volume reliée) venait d'être publié. L'anime en était aux épisodes mettant en scène Geist et ses Ghost Saints.
  • Traduction du japonais vers le français par Archange.
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Traduction



(image présente sur la pages d'origine)

Et voici aujourd'hui une interview du maître Masami Kurumada, qui nous prodigue des oeuvres débordant d'énergie telles que "Ring ni Kakero", "Fūma no Kojirō", et Saint Seiya. Il a même des fans cachées (ou peut-être pas si cachées que ça) parmi le lectorat féminin ! Le responsable du Jump nous avait dit que c'est quelqu'un qui a un grand coeur, et nous l'avons vu venir nous chercher en voiture à la gare. Nous avons trouvé que c'était quelqu'un d'agréable (non pas que nous supposions qu'il soit désagréable) ! Nous nous sommes retrouvés dans son studio, avant que ses assistants n'arrivent pour le travail, et avons pendant plus de deux heures discuté de sujets distrayants, allant de la conception d'un manga à la façon de vivre d'un homme.


Q) L'adaptation animée de Saint Seiya est le premier anime que vous avez eu à propos d'une de vos oeuvres. Qu'en pensez-vous ?

Kurumada : J'en suis bien sûr heureux. Pour ce qui est de mes mangas, il y avait aussi autrefois une très forte demande de la part de lecteurs qui souhaitaient un anime de "Ring ni Kakero". D'ailleurs dans les magazines d'anime, il y a souvent des tops 10 sur le sujet "Les mangas dont vous souhaiteriez une adaptation en anime", et "Ring ni Kakero" y atteignait alors la première position. Mais apparemment on ne peut pas lancer d'anime si les sponsors ne suivent pas. Pour ce qui est de Saint Seiya, les gens de Bandai voulaient justement sortir les Cloths en tant que produits dérivés, et leur détermination était très forte. Les discussions autour d'un anime me sont arrivées alors que le manga n'en était qu'à une demi-année de prépublication.


Q) Ce fut effectivement rapide. L'anime est arrivé tout de suite après la sortie du premier volume du manga.

Kurumada : La première fois que j'en ai entendu parler fut au mois de juin, avant la sortie du premier volume donc. Mais l'histoire n'est pas encore tout à fait déterminée. Après juste 6 mois, je n'avais bien sûr aucune idée du tournant que ça allait prendre (rires)... Mais le script et le background pour l'anime doivent être préparés très tôt, avec 3 mois d'avance. Et donc, ça rattrape très vite l'histoire du manga... En ce moment ils font des histoires inédites. Mais on dirait bien qu'il auraient préféré éviter ça.


Q) Du côté de l'équipe de l'anime ?

Kurumada : Oui. Apparemment, quoi qu'ils fassent, les histoires inédites n'ont pas la même saveur que le manga. Il semblerait que les spectateurs aient actuellement du mal à accrocher aux épisodes inédits... En clair, ils veulent voir ce qu'ils connaissent déjà. Ils veulent lire le manga, et voir ensuite de quelle manière va être adaptée telle ou telle scène... Si on leur propose des histoires complètement différentes, ils vont se dire « Mais c'est quoi ça ? ».


Fūma no Kojirō, un puissant et épique manga en 10 volumes allant des combats entre les clans de ninjas Fūma et Yasha à la Guerre des Epées Saintes liée au mystérieux Chaos. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Le numéro 13 du Shônen Jump laissait entendre que Misty allait apparaître. L'anime va donc rejoindre l'arc Silver Saints ?

Kurumada : En effet. Ils ont rajouté ces histoires inédites parce que le manga avait été rattrapé, mais ils vont ensuite revenir vers l'histoire du manga. Mais on va probablement à nouveau se retrouver tout de suite à court de choses à mettre dans les épisodes (rires). Après tout, les choses passent plus vite dans un anime, un épisode contient l'équivalent de plusieurs chapitres. On va donc avancer de cette manière.


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Q) Au début, lorsque la publication de Saint Seiya a débuté, quel était donc votre plan, votre but ?

Kurumada : Je n'avais pas spécialement de plan ni de but précis déterminé au début. Je me suis juste dit qu'il fallait que je fasse un manga majeur. Juste avant j'avais fait "Otokozaka", mais ce manga n'avait que très peu d'éléments nécessaires pour obtenir un hit majeur. Qui plus est, le Jump comporte aujourd'hui de nombreux mangas bénéficiant d'une adaptation animée... Avoir mon manga précédent annulé après 30 chapitres est devenu un stimulant pour moi. Je n'ai jamais vraiment changé mes méthodes par rapport à autrefois, mais mon manga précédent ne comportait ni techniques spéciales ni choses à endosser telles que des Cloths, ils étaient juste vêtus de vêtements de lycéens... Je pense que ce que l'on appelle le sens de la mode est important, et c'est pour ça que j'ai inclus des choses telles que les Cloths.
Des lettres de fans sont accrochées à l'un des murs du studio. Le maître Kurumada dit qu'il veut dessiner encore et toujours des mangas que les lecteurs trouveront divertissants. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Il me semble que l'on trouve surtout que c'est un élément de science-fiction, n'est-ce pas ?

Kurumada : Oui. J'ignore de quelle manière ça a été interprété, mais j'entends souvent dire que c'est le "Manga de SF de Kurumada". C'est complètement erroné. Mais je pense que ceux qui le lisent effectivement comprennent que ce n'est pas un manga de SF. C'est un "manga nekketsu". Un manga nekketsu auquel j'ai ajouté une touche "fashion" comme saveur supplémentaire. Mais il semblerait bien que le début de Saint Seiya ait été quelque peu difficile à comprendre. L'autre jour, le vice-directeur d'édition du magazine Newtype m'a fait mention de ça. Il pensait au début que c'était un manga de SF, et qu'en réalité il allait être question de choses venues de l'espace. Je pense donc que là où nous en sommes, la plupart des lecteurs a fini par comprendre de quoi il s'agissait. Dans le one-shot, je montre par exemple le passé d'un des Saints, Ikki. Et comme il y a encore beaucoup de zones d'ombres concernant chaque personnage, je pense insérer des éléments explicatifs par-ci par-là.


Q) On comprend qu'ils ont vécu sur des îles différentes, et la vie menée par certains personnages tels que Shiryû a été expliqué, mais on ne sait tout de même presque rien concernant Shun d'Andromède.

Kurumada : En effet. Et puis sinon vous savez... même si l'on ignore ce que sont devenus 90 des 100 enfants, ça ne veut pas forcément dire qu'ils soient tous morts. Après tout, on avait bien dans ce groupe quelqu'un comme Shun, faible et réticent à user de la violence, mais qui a pourtant survécu et est devenu fort. Par contre il semblerait bien que les lecteurs ne considèrent pas Shun comme quelqu'un de fort. Autrement dit, ils ont apparemment l'impression que Shun ne peut vaincre un ennemi sans avoir recours à la chaîne d'Andromède.


Q) C'est une interprétation intéressante de la part de ces lecteurs. Les autres personnages usent en effet de diverses techniques lancées à mains nues, mais comme Shun utilise une chaîne, une arme, il donne l'impression de se battre comme une femme. Je ne pense pas que c'était ainsi que vous l'aviez envisagé...

Kurumada : En effet. Chaque technique de combat a un lien avec la constellation correspondante. Comme Shiryū est de la constellation du Dragon, il a une attaque qui évoque un dragon ascendant. C'est un peu comme une attaque appartenant à sa constellation. Dans le cas de Hyōga, j'ai entendu dire à la radio que la Diamond Dust est un phénomène qui se produit par temps très froid au pôle nord, et qui consiste en une pluie de cristaux de glace. Et donc, comme Andromède était une princesse qui fut attachée par des chaînes, les techniques de combat associées se basent aussi sur des chaînes.


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Couverture du Shūkan Shōnen Jump numéro 13. « Comme il y a une grande Gold Cloth représentée dessus, ça m'a pris un temps fou. Et je trouve donc que les vêtements d'étudiants sont ce qui est le plus amusant à dessiner. ». « Vous en dessiniez parce que c'était facile ? ». « Non, c'est bien évidemment parce que j'aime ça. » (rires). (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Est-ce que vous créez les personnages puis leur trouvez une constellation appropriée, ou est-ce qu'au contraire vous partez des constellations et créez des personnages en fonction de celles-ci ?

Kurumada : Hmm... Les constellations viennent certainement en premier. Il y a 88 constellations, mais il n'y en a pas tant que ça d'utilisables. Par exemple, que faire du Microscope (rires) ?


Q) Ou de la Coupe (rires) ?

Kurumada : C'est pourquoi en général je vérifie d'abord les constellations utilisables, puis que je fais des personnages qui y sont conformes.


Q) Est-ce que tous les éléments de l'univers ont été définis depuis le début ? Vous avez déjà prévu chaque personnage à venir ?

Kurumada : Non, pas du tout.


Q) Vous construisez l'histoire au fur et à mesure ?

Kurumada : Oui, c'est ainsi la plupart du temps.


Q) Avez-vous déjà décidé de la conclusion ?

Kurumada : Non, absolument pas (rires).


Q) Il arrive de choisir une fin, puis d'explorer divers chemins pouvant y mener, tout en ayant une idée de la destination finale, non ?

Kurumada : Oui, il y a des gens qui travaillent ainsi, mais dans mon cas, j'avance dans le brouillard à la semaine (rires).


Q) C'est extrême. C'était donc aussi le cas lorsque vous avez décidé que les 100 Saints auraient tous le même père ?

Kurumada : C'est quelque chose qui est arrivé en cours de route... j'aurais préféré éviter d'en parler (rires).


Q) En effet, ça a surpris tout le monde.

Kurumada : Oui, et c'est même maintenant un problème. Comment expliquer que 100 enfants soient nés en à peu près un an (rires) ?


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Le maître Kurumada investit toutes ses forces dans les chapitres de Saint Seiya, oeuvre hautement appréciée du Shūkan Shōnen Jump. L'anime est diffusé chaque samedi à 19 heures sur TV Asahi. Lisez la page couleur pour plus d'explications. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Oui, les enfants ont environ tous le même âge.

Kurumada : Oui, et maintenant je me demande de quelle manière expliquer ça facilement aux enfants. Dans la mythologie, Zeus se changeait en cygne et trouvait apparemment de belles femmes à droite à gauche. Au début j'avais songé à ce qu'il ait, en tant qu'homme riche, de très nombreuses maîtresses payées pour ça, mais on ne peut pas dire explicitement dans un magazine shōnen (ndt: pour jeunes garçons) qu'il avait plein de concubines. On va juste dire que lui et ces nombreuses femmes avaient de vrais liens amoureux. Et donc, si j'avais laissé vivre la mère de Hyōga, celui-ci serait devenu un enfant gâté, couvé, et c'est peut-être pour ça qu'elle est restée mourir sur le bateau, afin de l'endurcir. J'ai quelques éléments sporadiques de ce genre, qui donnent à réfléchir. Et je progresse parfois en les développant un peu plus loin, ou en utilisant une nouvelle idée qui m'est survenue. En clair, j'avance en ne sachant pas tout à fait où je vais.


Il y a des idées que je sens que je pourrais utiliser lors d'un chapitre de combat. Par exemple, de quelle manière se sont passées les choses pour Andromède sur l'île d'Andromède, ou dépeindre la première rencontre entre Rōshi et Shiryū lorsque celui-ci est arrivé en Chine pour la première fois. Il y a beaucoup d'histoire annexes à raconter, mais lorsque je songe à assurer la popularité du manga, je me dis que je suis bien obligé de mettre du combat, et il est alors difficile de pouvoir insérer ce genre d'histoire dans un chapitre de 19 pages. Et c'est pourquoi il restera probablement de nombreuses zones d'ombre quoi qu'il arrive. Je pense que la meilleure manière de faire, la plus facile à comprendre, est de procéder comme dans le one-shot actuel. Puisque j'y parle d'Ikki, j'en ai profité pour insérer son histoire. Je pense qu'avec ce one-shot, on comprend globalement le passé d'Ikki.


Q) En effet.

Kurumada : Mais je n'ai pas complètement réussi à faire un épisode épique indiquant pourquoi Ikki avait changé à ce point-là. On ne peut pas retranscrire cette brutalité dans un magazine shōnen. C'est un peu comme pour les soldats qui ont complètement changé après avoir combattu au Vietnam, ou comme dans le film Deer Hunter (ndt: "Voyage au bout de l'enfer" en français). Ce chapitre sert aussi à montrer qu'au fond de son coeur, Ikki est toujours comme avant, et qu'il lui reste donc une chance de salut. Il faut cette chance de rédemption dans un magazine shōnen. C'est pareil pour Mitsumasa Kido, en réalité c'était une bonne personne. Il fallait en faire quelqu'un qui avait choisi de se transformer en diable pour défendre la justice, faute de quoi Seiya, Shiryū et les autres n'auraient pas eu de raisons de se battre. Il faut pouvoir se dire « Ah, c'était en fait pour ça ».


Ashura

Q) Il faut un sens moral ?

Kurumada : Oui, oui. Et je pense donc qu'après une année, le cadre du manga a enfin commencé à se fixer. Comme j'en ai parlé avant, on m'a parlé de l'anime alors que tout ça n'était pas encore en place. Parce qu'il fallait rapidement écrire le scénario. Et visiblement, rattraper immédiatement le manga donne de grosses difficultés aux gens de la Toei. Lorsqu'il rattrapent le manga, ils sont obligés de rajouter des épisodes ou morceaux inédits tout en essayant de ne pas contredire le support de base. Mais chaque semaine je fais moi-même en sorte d'introduire quelque chose de surprenant. Comme le manga vient expliquer les choses après, je me dis « Allez, fais-en des frères ! » (rires).


Ils ont apparemment des soucis avec le Pope de leur côté. Dans l'anime, le précédent Pope est mort et son frère cadet lui a succédé, mais ce sera différent dans le manga. En gros, on devrait avoir le précédent Pope encore en vie, mais dans une situation similaire à Dr Jekyll et Mr Hide. Autrement dit, et comme je l'ai mentionné avant, un personnage complètement mauvais ne pourrait avoir de chance de salut. Il deviendra alors, comme pour Anthony Perkins dans Psycho, quelqu'un de complètement différent sur le plan psychique, avec un bon côté et un mauvais côté à l'instar de Jekyll et Hide. Je ne veux pas qu'il soit forcément nécessaire de le tuer. Et même si je fais ce Pope, on a aussi les Gémeaux. Oui, on a la constellation des Gémeaux parmi les Gold Cloths, et qui pourrait porter à la fois un côté dieu et un côté démon... Je pense que la Cloth pourrait être un peu comme avec les statues d'Ashura, dont l'avant et le l'arrière représentent respectivement un ange et un démon. Et puis sinon, on a 12 Gold Cloths. Et comme le Christ avait en plus de ses 12 apôtres un treizième qui était un traître, on pourrait avoir 12 Gold Saints, mais il y aurait en fait un treizième Gold Saint haï par Athéna ! Je me dis qu'il pourrait donc être un rebelle et que ce serait en fait lui le Pope. J'ai de nombreuses idées. On verra bien laquelle je finirai par choisir.


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Fighting Harada, boxeur.

Q) Mais on dit qu'il peut être au contraire gênant d'avoir trop de possibilités dans ses choix. Un cadre plus standard, comme par exemple celui de "Ring ni Kakero", limite l'histoire au ring, ce qui peut être plus aisé.

Kurumada : Mais ça ne se confinait pas non plus au ring. Les combats prenaient certes place sur le ring, mais j'y avais aussi par exemple ajouté des éléments de la mythologie ou des références à l'histoire du Christ. J'ai largement employé ceci. Ou bien encore, j'ai aussi la loi de la chute libre de Galilée (rires). Il ne semble pas y avoir beaucoup de mangas de boxe réunissant autant d'éléments de recherche. Au début il y avait des passages montrant vraiment le pénible entraînement des boxeurs, un peu à l'image de l'anecdote de Fighting Harada qui ne pouvait pas boire d'eau durant son entraînement et qui en était presque arrivé à vouloir boire l'eau des toilettes. Mais en cours de route, ça s'est changé en super-combats et ce genre de chose a alors disparu. Le récit s'est donc alors axé sur des choses telles les lois du mouvement ou la mythologie grecque, comme je l'ai mentionné juste avant.


Q) Et donc, Saint Seiya est un peu comme si on avait pris "Ring ni Kakero", cette version nekketsu d'histoire de pauvres gens (rires), que l'on en avait retiré l'histoire du début, et que l'on avait directement commencé à la partie "super-combats" ?

Kurumada : Oui. C'était pareil avec Fūma no Kojirō, qui donne l'impression de foncer directement vers les parties les plus savoureuses de "Ring ni Kakero". Mais vous savez, en parlant de "Ring ni Kakero", lorsque l'on pense aux larmes, aux histoires avec le père et la mère, ou bien la ténacité affichée dedans... on y sent finalement l'odeur des mangas de cette époque tels que "Kyojin no Hoshi" ou "Ganbare Genki". C'est un peu avant la moitié qu'il a changé et a donné le sentiment d'être devenu un monde à part. On peut dire que jusque là, la partie boxe a servi à présenter le background de chacun.


Q) On peut donc dire en fait que même si les combats s'enchaînent sur le ring, ce genre de background sur les personnages permet d'apporter un plus grand poids à ces scènes ? S'il n'y avait qu'un enchaînement direct de scènes de combat, ceci finirait par ressembler à un jeu vidéo, n'est-ce pas ? Au lieu d'avoir des gens se battant au nom de quelqu'un, on finirait par se retrouver avec des personnages se battant juste pour se battre.

Kurumada : Oui. Mais vous savez, si je commence d'abord par expliquer tout le background, les lecteurs ne suivront pas. Il vaut mieux débuter le combat avec un « bang ! » et insérer ensuite les éléments de background en plein milieu afin que ce soit mieux reçu par les lecteurs. Avoir un flashback en plein combat qui permet au lecteur de se dire « Ah, c'est pour ça qu'il ne se laisse pas abattre ? » est quelque chose qui plaît de nos jours. De cette manière, on est capable de donner un plus grand sentiment de vitesse et de fournir tout de suite les moments savoureux aux lecteurs... Par exemple, dans le cas d'une pâtisserie, ce serait comme commencer par manger la crème (rires).


"Ring ni Kakero", manga de super-combats de boxe. 25 volumes au total (les très populaires volumes sont tous édités chez la Shūeisha et coûtent chacun 360 yens). (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Si on mange d'abord toute la partie spongieuse du gâteau, on finit par en avoir marre, c'est ça ? (rires).

Kurumada : Oui, c'est exactement ça. On pourrait dire pareil pour la musique. Ce serait comme commencer tout subitement par la meilleure partie, puis revenir ensuite sur l'intro. Cette manière de faire est importante. Dans les mangas qui manquent de coups de poing, il est fréquent que beaucoup de mise en place de l'histoire soit enchaînée jusqu'à en fatiguer le lecteur sans que le récit n'avance.


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Q) En réalité, il est bon de manger en quantités satisfaisantes aussi bien la crème que le gâteau spongieux, mais cela semble assez difficile en 19 pages, n'est-ce pas ?

Kurumada : Surtout que lorsque l'on parle du Jump, il y a d'autres mangas à l'action effrénée à côté, et à tenter de chercher un équilibre, on peut se retrouver avec quelque chose qui parait lent en comparaison des autres œuvres. Quelque chose qui pourrait sembler pleine de punch par rapport à d'autres magazines peut paraître lente parmi la dizaine de mangas du Jump.


Q) La pression est sans doute immense, n'est-ce pas ?

Kurumada : Effectivement. Le Jump est le leader dans cette industrie de magazines de publication, et par certains côté, on a l'impression que les mangas qui n'y sont pas populaires ne sont pas des mangas. Il donne un peu le sentiment que « Si tu n'est pas populaire, tu n'es que de la merde » (rires). Si l'on ne devient pas populaire, dessiner devient de moins en moins plaisant. On peut dire que nous sommes tous des gens qui aimaient déjà dessiner des mangas avant d'être dans cette industrie. Mais lorsque les lecteurs n'approuvent pas un manga, lorsqu'il ne devient pas populaire auprès d'eux, il est alors difficile d'admettre qu'il n'était pas bon... Juger soi-même de la valeur de son manga n'est pas une bonne chose. Les lecteurs sont la raison d'être d'un magazine, d'un manga ou d'un roman.


Q) Il faut sans doute atteindre le palier des 4.5 millions de lecteurs, faute de quoi c'est considéré mauvais (rires). 10000 ou 100 000 ne suffisent pas, il en faut au moins 4.5 millions.

Kurumada : Oui, c'est exactement ça.


Q) Vous ne parlez non pas de mangaka mais plutôt de mangaya. Ce dont nous avons parlé en est donc la raison ?

Kurumada : Il n'y a que peu de gens que l'on peut nommer mangakas. Des gens tels que les maîtres Osamu Tesuka ou Tetsuya Chiba. Je dirais qu'ils ne doivent être qu'une dizaine ou une vingtaine. Cela peut paraître un peu prétentieux de ma part de dire ça, mais ceux qui sont aujourd'hui en tête du monde des mangas, ceux que les lecteurs sont enthousiastes de lire ne sont-ils pas en quelque sorte des artistes amateurs ? Et tout en particulier dans le "Jump", qui a en quelque sortes débuté avec des dessinateurs amateurs.


  • Note de traduction : le terme habituel mangaka 漫画家 contient le -ka (家) qui renvoie une certaine notion d'auteur, d'écrivain dans les règles de
l'art. Le -ya (屋) mis par Kurumada dans son terme inventé mangaya porte en revanche une connotation de produit commercial, de magasin.


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Le maître Kurumada lit le JUNE avec surprise. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Une énergie fougueuse issue de la force des amateurs...

Kurumada : Oui, voilà. Mais pourquoi ces gens qui étaient jusqu'alors les experts de la profession ont-ils perdu contre ces artistes amateurs ? Je dirais que c'est peut-être bien parce que ces experts ont oublié ce qu'est un manga. La toute première règle importante pour un manga est qu'il soit divertissant. On a beau dire « J'ai écrit quelque chose de bien pour les enfants »... En fin de compte ceux-ci ne gardent leur intérêt que pendant 2 ou 3 minutes, et c'est pendant ce laps de temps qu'ils entrent dans l'univers et s'imaginent devenir le héros... Un rêve de quelques minutes. Même s'ils n'aiment pas étudier, ou si ils se font embêter par les autres à l'école ou bien encore si il y a d'autres choses qui les contrarient, ils peuvent s'immerger dans le monde de Saint Seiya pendant qu'ils lisent le chapitre. Voilà ce que sont les mangas. Des choses capables de créer un immense enthousiasme. Ma cible principale dans le Jump sont les enfants, de la 4ème ou 5eme année de primaire jusqu'à la première ou seconde année de collège. On entend souvent dire que les fans des mangas Kurumada sont surtout des femmes, mais je pense qu'il s'agit juste de la couche qui se remarque le plus. La véritable base, ceux qui achètent 300 000 ou 400 000 volumes reliés et qui répondent aux sondages par cartes postales sont ces enfants d'école primaire. Les jeunes femmes de 20 ans ne répondent pas aux sondages par carte postale (rires). Ce sont vraiment ces enfants d'école primaire qui nous soutiennent.


Gekkô Kamen

Q) Ils lisent les mangas en s'identifiant au protagoniste et en se disant qu'ils aimeraient devenir aussi fort, n'est-ce pas.

Kurumada : C'était pareil pour nous lorsque nous étions enfants, pas vrai ? Avec par exemple "Gekkou Kamen" ou "National Kid".


Q) Comme se faire une cape avec un furoshiki et utiliser une règle comme épée ?

Kurumada : Oui, voilà. L'époque a beau être différente, les enfants se prennent toujours de passion pour le même genre de choses. Apposer des critiques ou évaluations à des mangas est complètement inutile. Je pense qu'il existe maintenant beaucoup de genres divers dans le monde du manga, mais ceux que je dessine sont quoi qu'il arrive faits pour être divertissants pour des enfants. Des mangas pour lesquels ils peuvent se prendre de passion et être tout excités. On a des magazines très pointus sur le sujet qui prennent des mangas, puis qui cherchant à comprendre pourquoi ceux-ci sont populaires ou qui en analysent des morceaux, mais pour dire les choses franchement, c'est un non sens total pour moi. Après tout, si les enfants se divertissent avec un manga, quel besoin ont-ils d'avoir des adultes qui vont leur dire ce que ça vaut après avoir estimé chaque morceau en détail ?


  • Note de traduction : furoshiki -> carré de tissu utilisé pour envelopper des bentō.


Q) Si le Jump peut maintenant tirer 4.5 millions d'exemplaires, c'est probablement parce que les mangas actuellement divertissant pour les enfants peuvent aussi être divertissants pour les salarymen. Mais en revanche, quelque chose d'intéressant pour un adulte peut être très ennuyeux pour un enfant... Il vaut donc effectivement mieux s'en tenir à des choses simples à comprendre (rires).

Kurumada : Bien entendu. Mais je pense que la force seule d'un manga ne peut tirer que vers les 3 millions. Je pense qu'atteindre les 4.5 millions est du à la plus-value fournie par le medium supplémentaire que représente l'anime. C'est sans doute depuis "Arale-chan" (ndt: Dr Slump en france) que la puissance des adaptations animées est devenue une force publicitaire. Il faut se dire qu'en atteignant les 10% d'audience, et si l'on prend comme hypothèse une population de 100 millions de personnes, cela se traduit par 10 millions de spectateurs, ce qui est encore plus incroyable que 4.5 millions. Même si ces 10 millions ne lisent pas Saint Seiya, le fait qu'ils connaissent est un puissant soutien. Tout se rejoint.


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Des dédicaces d'auteurs réputés affichées sur le mur. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Cela devient par exemple un sujet de conversation, et l'on doit aussi le regarder afin de pouvoir participer aux discussions.

Kurumada : Oui, oui. Mais c'est dommage si quelqu'un se fait prendre à partie par les autres à cause de ça (rires). Cependant, c'est le genre de chose qui de notre côté assure de meilleures ventes (rires). Celui qui ne regarde pas Saint Seiya va se faire embêter le lendemain à l'école (rires).


Q) Comment s'est passée votre enfance ? Étiez-vous du genre pauvre, ou bien riche (rires) ?

Kurumada : Peut-être plutôt pauvre je dirais, mais en y repensant maintenant, je me pense que c'était peut-être normal autrefois. C'était l'archétype du foyer où les deux parents travaillent.


Q) Vous jouiez donc seul à la maison ?

Kurumada : Oui, ou sinon j'allais au parc.


Présentation de disque. Le maître Kurumada les adore également. Il écoute ces musiques et chansons de Saint Seiya durant son travail. 2800 yens par disque. Colombia. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Dehors, sainement.

Kurumada : Et puis autrefois, lorsque j'étais vers ma cinquième ou sixième année d'école primaire, il y a eu une période où les magasins louant des mangas ont été à la mode. C'est là que j'ai commencé à lire des mangas. Bien entendu, j'avais déjà lu avant des choses destinées aux enfants, comme "Shōnen Jet" ou "Billy Pack", mais je ne les avais pas le en songeant à devenir mangaka. Après tout, leurs images arrondies avaient fini par devenir ennuyeuses.


Q) Et c'est là que des choses comme les gekiga sont arrivées.

Kurumada : Oui, et c'était incroyablement frais. Comme Eiichi Arikawa autrefois ou Mitsuyoshi Sonoda de nos jours. Des gens avec des images avant-gardistes. Ils ajoutaient par exemple des ombres sur les visages. Des mangas comme "Kyojin no Hoshi" n'utilisaient jusqu'alors pas ce genre d'ombres. Le précurseur fut Mitsuyoshi Sonoda. Ils l'ont ensuite imité... recopié. J'ai laissé tomber tout ceci, et vers la fin du lycée je me demandais alors quoi faire entre chercher un travail ou continuer les études.


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Q) Pratiquiez-vous des activités de club au collège ou au lycée ?

Kurumada : J'étais dans le club de judo, aucun rapport avec les mangas donc.


Q) Et pourquoi y êtes-vous revenu juste avant de terminer le lycée ?

Kurumada : Eh bien, je n'avais pas trop envie de devenir salaryman. Et je ne voyais pas non plus ce que j'allais devenir en allant à l'université et en y terminant mes études. Je me suis dit qu'il valait mieux que je fasse quelque chose qui m'était plus avantageux que pour les autres. Faire quelque chose différent des autres gens. Du moins, si je possède un sorte de talent naturel que les autres n'ont pas. Et je me suis dit que j'avais plutôt du talent pour le dessin, ou du moins c'est ce que je pensais à l'époque. Mais en considérant les choses aujourd'hui, ce n'est absolument pas le cas (rires). Mais j'ai été chanceux de réussir à entrer dans la profession (rires).


Q) Quelles étaient vos notes en arts plastiques ?

Kurumada : 2 (ndt: notes sur 5) il me semble (rires). Je manquais beaucoup de cours au lycée (rires).


Otoko Ippiki Gaki Daishô de Hiroshi Motomiya

Q) Ah bon ? Et que faisiez-vous pendant ce temps ?

Kurumada : Je jouais au mah-jong dans des établissements prévus pour (rires). Un mauvais garçon... Et c'est à cette époque que "Otoko Ippiki Gaki Daishō" a connu un immense boom dans le Jump. Cela peut sembler rude de ma part de dire ça, mais il n'y avait guère de gens doués dans le Jump à cette époque (rires). Comme j'en ai parlé avant, ça donnait plutôt l'impression d'être un regroupement de dessinateurs amateurs. Puisque c'était ainsi, je me suis dit que j'avais peut-être moi aussi des chances d'y figurer, et j'ai alors pris un crayon et dessiné mes premières planches. Il y avait à cette époque le "prix Young Jump", qui était en quelques sortes l'aïeul du prix mensuel "Hop Step Jump" que l'on a aujourd'hui. J'y ai envoyé mes planches et c'est ainsi que tout a débuté.


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Q) Vous avez gagné avec le premier manga envoyé ?

Kurumada : Non, pas du tout ! J'étais pourtant convaincu que j'allais tout de suite commencer à être publié (rires). Et comme il n'y avait aucun signe de leur part, je me suis rendu en personne chez eux. Je leur avais envoyé un manga excellent, alors que se passait-il (rires) ? Au moment où j'y suis allé, "Samurai Giants" du maître Koo Inoue avait depuis peu débuté sa publication, et celui-ci était si occupé qu'il cherchait de l'aide pour le dessins. Il se trouve donc que la personne que j'ai alors rencontré, Sumire-san, était le tantō de "Samurai Giants", et ce fut ainsi une rencontre qui changea mon destin. Sumire-san est de nos jours le chef du département d'édition. Il m'a proposé d'aider au travail sur" Samurai Giants" et j'ai donc accepté.


Il s'est adressé à nous dans le style Kurumada, noble et plein de puissance. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) C'était après que vous ayez terminé le lycée ?

Kurumada : C'était en novembre ou décembre de ma dernière année de lycée. Mes amis étaient quant à eux occupés à passer des tests ou entretiens pour de futurs emplois. J'étais moi-même en quelque sorte en train de passer mes tests d'embauche à la Shūeisha (rires). J'ai donc aidé sur ce manga, et l'on m'a proposé de devenir assistant, position que j'ai ensuite occupé pendant 2 ans et demi.


Q) Vos parents ont-ils été d'accords avec ça ?

Kurumada : Ils ne pouvaient absolument pas comprendre s'ils devaient approuver cela ou s'y opposer. Ils ne connaissaient pas les mangas.


Q) Ca a donc été du genre « Fais comme bon te semble, et tant mieux si ça te permet de manger » ?

Kurumada : Oui, ils n'ont pas tenté de m'arrêter. Ils ont du se dire qu'il serait bien que j'essaie de faire ce que je voulais, car je n'avais après tout que 17/18 ans.


Ring ni Kakero volume 10. Takeshi Kawai est pris dans la technique d'hypnose de Miss Channel (en réalité c'est un homme) de l'équipe Junior d'Amérique. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) A-t-il été question de poursuivre le business familial ?

Kurumada : Non, notre famille n'était pas du genre de celles qui possèdent un business familial ou une profession poursuivie de génération en génération, il n'y avait donc rien à transmettre (rires). Mon père travaillait dans la charpente et ma mère était chez un poissonnier. C'était donc à moi de voir ce que j'avais envie de faire.
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Q) Tout en travaillant comme assistant.

Kurumada : Oui. Ca me prenait beaucoup de temps à l'époque. 4 ou 5 jours par semaine. Aujourd'hui ça prend 2 jours car j'ai de nombreuses personnes dans mon staff.


Q) Combien de personnes environ ?

Kurumada : En ce moment j'ai 6 assistants et une personne qui aide. Ces derniers temps, il y a toujours beaucoup de jeunes femmes qui répondent à mes annonces d'emploi. Et ces jeunes femmes sont douées. Ce sont souvent à la base des fans de mes mangas. Elles on donc un trait qui ressemble au mien.


Q) Il n'y a pas d'hommes qui viennent tenter leur chance ?

Kurumada : Il y en a mais ils ne sont pas doués du tout (rires).


Q) Et qu'en est-il des choses telles que la force des traits en ce qui concerne les femmes ?

Kurumada : Ah, de ce côté là il est vrai que la pression mise dans leurs traits est un peu faible.


Otokozaka, une histoire rude montrant des volontés masculines. Malheureusement, cette série demeure sans fin, mais comme le maître Kurumada souhaite un jour dessiner une suite, il se pourrait que le jour où vous reverrez Jingi, le personnage principal, ne soit pas si éloigné que ça. 3 volumes au total. (image et légende présentes sur les pages d'origine)

Q) Autrefois vous appeliez vos assistants la "shinwakai" ?

Kurumada : Oui. C'était pour garder une atmosphère festive, une ambiance amateur évoquant la vigueur de notre jeunesse.


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Q) Vous appeliez donc votre groupe d'assistants par ce nom plutôt que de parler de "production" ?

Kurumada : Oui (rire). Mais j'ai arrêté à l'époque d'Otokozaka. A cette époque il y avait le régiment je-ne-sais-plus-trop-quoi, et je me suis dit que la "shinwakai" de Kurumada donnait un air de Yakuza (rires)


Q) Je vois.

Kurumada : Nous étions jeunes à l'époque, et ça ne ressemblait donc pas à l'équipe normale d'un mangaka. Ca s'était déchaîné dans l'émission "Zoom In ! Asa!".


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Q) Vous vous étiez déchaîné ?

Kurumada : Moi non, mais mes assistants oui (rires). A cette époque il y avait aussi eu une histoire d'anime qui n'a abouti à rien (rires).


Q) Ring ni Kakero ?

Kurumada : Oui. C'est parce j'étais trop jeune à l'époque, je devais avoir dans les 24 ou 25 ans.


Q) Le "shinwa" dans "shinwakai" provient des roues des voitures ?

Kurumada : Oui. Afin de parodier "Kurumada", j'ai pris "roues". À la base, "shinwakai" est tiré du film "Jingi naki tatakai", qui montre l'Akashi-gumi (明石組) contre la Shinwakai (親和会). Sinon je vais vous parler de la vie courante, mais à cette époque, la rémunération en tant qu'assistant pour une séance était assez mauvaise, en général autour des 5000 yens, ce qui finissait donc par faire dans les 20000 yens par semaine. Comme mon loyer était de 8000 yens, il ne me restait pas grand chose pour manger. Vu que je n'avais pas le choix, je faisais donc à côté un travail à mi-temps dans le ménage de buildings. Je dessinais mes propres mangas dans le temps libre qu'il me restait. Et j'ai ensuite fait mes débuts à 20 ans avec "Sukeban Arashi". En réalité, à la base ce n'était pas du tout une histoire de sukeban. Comme je voulais faire quelque chose de semblable à "Otoko Ippiki Gaki Daishō", j'avais pris un protagoniste masculin, mais il restait à vendre ce projet auprès du tantō du département d'édition. Avec un protagoniste masculin, je n'aurais pu aboutir que sur une histoire vue et revue, alors qu'une femme offrait quelque chose d'autre, avec en prime des bonus comme montrer sa culotte. Je n'avais pas trop envie de faire de "panty shots", mais j'ai malgré tout pris une héroïne afin de pouvoir avoir une chance de monter sur scène.


Notes de traduction

  1. 神輪会 shinwakai, nom inventé par Kurumada, littéralement dieu + roue + assemblée. Le nom de Kurumada (車田) de son côté est littéralement voiture + rizière. La Shinwakai homonyme du film dont parle Kurumada est 親和会, littéralement parent + japon/harmonie + assemblée.
  2. Kurumada parle d'un loyer à 8000 yens qui le laisse sans le sou, mais il semblerait plus probable que ce soit une erreur d'impression et qu'il s'agisse plutôt de 80000 yens, ce qui serait plus plausible pour un loyer sur Tokyo à l'époque.
  3. Sukeban: filles chefs de bandes de délinquants.
  4. Panty shot: montrer des petites culottes.


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Q) Vous êtes réticent à en mettre dans vos mangas, mais est-ce que vous aimez en voir en réalité ?

Kurumada : Oui, j'aime voir ça en vrai ! (rires). J'en ai les yeux qui changent de couleur (rires). Mais ça ne me plait pas trop de mettre ça dans un manga.


Q) Ce que vous voulez dessiner dans vos mangas est un sorte de monde réserve aux hommes rudes et puissants... Quelque chose qui montre comment vivre en tant qu'hommes ?

Kurumada : Je veux dessiner des mangas qui remplissent les jeunes garçons d'excitation. Je ne veux pas dessiner des petites culottes ou des filles nues qui laissent ces jeunes garçons ahuris. Je préfère faire quelque chose de stimulant.


John Lone

Q) Quelque chose qui remplit d'énergie une fois qu'on a fini de lire.

Kurumada : Oui, voilà. Mais je ne sais pas par où rentre l'énergie (rires). Ah, j'adore cette personne. (Montre la page du June 33 comportant l'article "A la recherche de John Lone").


Q) John Lone ?

Kurumada : Oui. J'ai vu "L'année du Dragon".


Q) Il est du genre auto-destructeur dedans.

Kurumada : Je pense que le film aurait été plus intéressant si ils avaient accordé plus de scènes à John Lone.


Q) Ce film se place plutôt du point de vue du personnage de Mickey Rourke.

Kurumada : Se focaliser sur Mickey Rourke, qui renvoie cette image de mari contemporain américain, a conduit à une histoire donne l'impression de s'épandre un peu partout. Je pense que ça aurait été plus distrayant si ils avaient fait plus de scènes mettant John Lone en valeur.


Les musiques qu'il écoute en travaillant, les âges des Saints, la beauté des combats... il y a encore de nombreuses choses intéressantes à raconter, mais la suite sera dans le numéro de Juillet !

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Masami Kurumada

(image présente sur la pages d'origine)

Son véritable nom est le même. Né le 6 décembre de la 28ème année de l'ère Shōwa. Signe du Sagittaire. Né à Tokyo, Tsukishima. Groupe A. Il admire "Otoko Ippiki Gaki Daishō", et est entré pour cette raison dans le Shōnen Jump. « c'est un peu comme lorsque quelqu'un veut entrer dans les Giants parce qu'il admire Nagashima ou Ou ». Il a alors travaillé en tant qu'assistant de Koo Inoue avant de faire ses débuts en Shōwa 49 avec "Sukeban Arashi". Son manga "Ring ni Kakero", manga de boxe unique dans lequel on pouvait entendre des noms de techniques telles que « Galactica Magnum », « Rolling Thunder Special » ou bien « Devil Propose », fut un immense hit. Il a ensuite publié "Fūma no Kojirō", "Otokozaka" et "Raimei no Zaji". Son dernier manga, Saint Seiya, est en cours de publication. Il utilise pour ses dessins du papier sakura. Son crayon est un Cabra Pen de Zebra. Il lit des romans historiques d'auteurs tels que Ryūtarō Shiba ou Eiji Yoshikawa. Il aime les films du genre de "Jingi naki tatakai" (Combat sans code d'honneur) ou "Le Parrain". « J'aime bien le sentiment qui se dégage de Al Pacino ou de Robert De Niro ». Il s'entend bien avec le mangaka Norihiro Takajima, auteur de "Astro Kyuudan".


Lorsqu'il arrive à trouver un moment en dehors du travail, il aime conduire, boire du saké et faire du karaoke. « Autrefois j'allais souvent dans les bars à okamas (ndt: hommes travestis). Mais je n'y vais cependant plus depuis que le SIDA est devenu courant. Je ne penche pas du tout vers ce bord là, mais je trouve que ce sont des endroits intéressants. On me donne par exemple du "oooh lala, sensei ❤" » (rires). Des choses collectionnées ? « ... non. Je devrais peut-être collectionner des chaînes ou un truc du genre. Ca vaudrait le coup d'être raconté, non ? (rires) » Des enfants ? Une fille d'un an et demi, et une qui est née il y a environ un mois. Elle ne peut pas encore lire le moindre manga, mais elle regarde chaque semaine l'anime de Saint Seiya et se met à danser quand ça commence » (rires).


Fin de traduction